TOUT EST DIT

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lundi 12 décembre 2011

Les deux troisièmes hommes

Ils se détestent cordialement mais la vie politique est si facétieuse, ou si cruelle, ou si dérisoire, qu’elle a fini par les réunir. Les hasards du calendrier de la présidentielle les ont a amenés à accomplir, la même semaine, le geste le plus important d’une carrière politique : une déclaration de candidature à l’élection présidentielle.

Le même besoin instinctif de poésie, le même vertige d’Aragon, la même certitude gaullienne d’être au-dessus du lot, le même sens du tragique, le même goût pour une certaine solitude rapprochent François Bayrou et Dominique de Villepin. Tout le reste les sépare. Il faut vraiment que l’échiquier démocratique soit à ce point livré à un jeu fou pour qu’il fasse cohabiter le centriste et le gaulliste dans une même case : celle du troisième homme.

Ils partagent une même aversion pour l’adversaire élyséen qui a juré leur perte mais ils n’ont pas les mêmes chances de faire échec au roi. Le président du MoDem est parvenu à survivre à deux traversées du désert sans perdre le contact avec les Français y compris quand il s’est égaré sur de fausses pistes. Et même après qu’il se soit tiré une balle dans le pied lors du seul scrutin qu’il pouvait remporter : les Européennes. Il a réussi par on ne sait quel miracle à rester dans le jeu politico-médiatique quand il ne représentait plus que lui-même, ou presque : trois députés siégeant sur les bancs des non-inscrits à l’Assemblée nationale…

Au fond la création de son improbable mouvement centriste, qui n’a jamais su trouver son positionnement, n’avait qu’un seul objectif : tenir coûte que coûte, en serrant les dents, jusqu’au rendez-vous présidentiel. Le seul qui vaille à ses yeux. Il y est, pour la troisième fois. Et même si François Bayrou ne se départit pas de cette ambiguïté qui, au fond, est sa pire ennemie, les événements sont favorables au seul candidat qui, en 2007, avait fait campagne en mettant la résorption de la dette au premier rang des priorités nationales. Le voilà à 13 % dans les sondages mordant à la fois sur l’électorat frontiste avec son « Achetez français », sur celui de Nicolas Sarkozy — à qui il offre un profil plus rassurant que celui du chef de l’État — et demain, peut-être sur celui de François Hollande, un peu déboussolé par les humeurs imprévisibles de la gauche…

Si « DDV » se veut lui aussi « au-dessus des partis », en se disant superbement étranger à la frontière entre la droite et la gauche, il n’a pas ces cartes-là et n’est jamais parvenu à incarner un recours. Il manque l’expérience des batailles à ce passionné d’histoire qui est, peut-être, d’un autre siècle.

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