TOUT EST DIT

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lundi 26 décembre 2011

Aube d’hiver

L’important, c’est le matin. Le retour du jour. La conquête tranquille mais inexorable du ciel par la lumière. Qu’importe alors si l’aube est pâle ou triomphante puisqu’elle l’emporte. Qu’elle donne vie à cet éternel recommencement qui pousse les hommes à se remettre en marche et à attendre, une fois encore, d’être éblouis par le soleil.

Celui du 25 décembre est toujours empreint d’une vertu particulière. Il porte l’espérance, quoi qu’il arrive. Une sorte de mission définitive que lui assignent, comme un devoir, les médias saturés d’actualité anxiogène. Même pour les journalistes, revenus de tout, Noël n’est jamais une date comme les autres. Un moment en suspension, entre deux événements, où l’on se détache du quotidien. Où l’on s’élève. Où l’on oublie. Un territoire où l’imaginaire a décrété, définitivement, qu’ici tout est vraiment possible. Le cinéma ne l’a-t-il pas élu pour abriter les miracles, sur la 34 ème rue ou ailleurs? Intérieur, le film des rêves qui se terminent bien s’étire de New York à Strasbourg, d’océans en continents, au rythme de 25 images par seconde qui ont le temps, universel, de l’éternité. Et pas seulement dans les yeux des enfants.

Bien entendu, c’est une question de foi. Pour les uns, elle est portée par les convictions religieuses. Pour les autres, par les certitudes que procure une détermination sereine face à l’existence. Angélisme ? Dans tous les cas, l’époque, c’est vrai, lui oppose son redoutable scepticisme. La vie est le plus souvent moins spectaculaire et plus rude que sur le grand écran. La véritable histoire de cette fin 2011 laisse peu de pages, ni de chances, aux contes de fées. Jamais, nous disent les enquêtes d’opinion, les Français n’auraient été, collectivement, aussi pessimistes et cette période des fêtes, où le malheur ne fait pas relâche, est empreinte d’une morosité persistante perceptible jusque dans les allées des grands magasins et des marchés de Noël.

Pour poursuivre l’espoir, il nous faut donc apprivoiser la nuit. Prendre le temps de regarder les étoiles. Les astrophysiciens ont raison : c’est un travail de patience toujours récompensé. Au bout de quelques minutes, l’œil fait abstraction de la pollution lumineuse et finit par voir ce qu’il ne voyait pas : des constellations d’éclats qui éclairent les ténèbres, vous relient à l’humanité tout entière, et vous emportent dans leurs tourbillons. Jusqu’à l’aurore.

Joyeux Noël à tous !

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