TOUT EST DIT

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mardi 29 novembre 2011

Pas de répit pour l’euro

La note de tous les pays européens est menacée, a lancé Moody’s le 28 novembre. Cet avertissement tombe au moment où l’Italie est sous forte pression des marchés et les propositions de solutions à la crise se multiplient. Mais il est peut-être déjà trop tard, s’inquiète la presse européenne.
"L’euro va-t-il passer Noël ?” : la question posée par Le Journal du Dimanche hante l’UE. L’hebdomdaire parisien relaye la prévision catastrophique de l’essayiste Jacques Attali selon lequel la fin de l’euro surviendra avant la fin de l’année si les dirigeants “ne regardent pas plus loin que leurs propres échéances électorales”. Il reste “un mois pour sauver l’euro”, assure le journal :

Après la Grèce, l’Irlande et le Portugal, le virus mortel a gagné l’Italie. La Péninsule surendettée a dû emprunter cette semaine à des taux d’intérêt exorbitants. Vendredi, ses créanciers lui ont réclamé 7,8% pour un prêt à deux ans, soit 3,2 points de plus qu’il y a deux mois. […] Si la troisième économie de la zone tombe en cessation de paiements, l’Union monétaire aura fait long feu. […] La tension est à son comble. A la veille du week-end, l’agence Standard & Poor’s a dégradé la Belgique. Jeudi prochain, Paris doit emprunter entre 3 et 4,5 milliards d’euros. Un vrai test, sachant que les créanciers se détournent désormais de l’Allemagne pourtant mieux cotée. Cette semaine, Berlin voulait lever 6 milliards d’euros sur les marchés. Il n’en a récolté que 3,6. Une surprise.
“La crise de l’euro et de la dette est arrivée à un tournant destiné à marquer l’économie européenne même les structures constitutionnelles du continent”, estime le Corriere della Sera :

Dans quelques semaines, rien ne sera plus comme avant, mais personne n’a la certitude que tout se passera comme le prévoit le calendrier qui se dessine […]. Dès demain, l’Italie doit affronter une très délicate émission de titres de la dette. Ce même mardi, l’eurogroupe examinera les propositions françaises et (surtout) allemandes sur ce que la chancelière Angela Merkel appelle l’union fiscale. […] Ces modifications, sauf surprise, seront entérinées au sommet européen du 9 décembre. La veille, la BCE aura décidé une offre de liquidité illimitée sur deux ou (plus probablement) trois ans pour donner de l’oxygène aux banques. Et à ce moment-là, le chef du gouvernement Mario Monti aura fait passer en conseil des ministres les mesures pour stabiliser l’Italie. Tout sera prêt pour que la BCE puisse agir. Elle pourrait annoncer des seuils de différentiel sur les titres de la dette souveraine [l’écart entre les taux d’intérêts les plus faibles et les plus élevés sur les obligations d’Etat] au-delà desquels elle interviendrait sans limites sur les marchés. Mais les seuils seront de toute façon assez élevés pour contraindre les Etats à faire leur part pour baisser les taux. Tel est le chemin pour tourner la page de la crise. L’Europe se prépare à le parcourir, sachant qu’elle s’est trop souvent perdue en route par le passé.
La Stampa note qu’Angela Merkel et Nicolas Sarkozy “ont élargi à Mario Monti l’entente pour modifier les traités européens” et titre sur le “pacte à trois pour l’Europe”. Dans les pages du quotidien turinois, l’économiste Franco Bruni constate que :

les difficultés de la dette italienne semblent devenue le principal problème de l’économie mondiale. Il est possible que cela soit exagéré. L’excès de dramatisation est typique de certaines phases des crises financières, surtout lorsque les mesures d’ajustement et les réformes rencontrent des obstacles politiques et sociaux. Cette dramatisation excessive concerne également les discussions continues autour de la fin de l’euro, sans savoir de quoi l’on parle et sans comprendre que cela ne résoudrait rien et que cela nuirait à tous.
La Tribune retient pour sa part l'image du compte à rebours

Tic tac, tic tac... Le chronomètre qui mesure les chances de survie de l'euro est implacable. […] Officiellement, l'Allemagne continue de s'opposer à une intervention de plus grande envergure de la BCE. Au rythme où va la crise, ce refus obstiné ressemble au comportement d'un pompier qui laisserait la maison brûler afin d'apprendre aux enfants qu'il est dangereux de jouer avec les allumettes.
De fait, à Madrid, El Economista parie sur un éclatement de la zone euro en deux zones distinctes, une pour les pays les plus vertueux, et une pour les plus fragiles. Ce sera d’ailleurs Angela “Merkel [qui] sélectionnera neuf pays pour créer le ‘super-euro’”, estime le quotidien, car la chancelière

veut qu’un accord soit signé, pays par pays, sur un nouveau Pacte de stabilité, semblable au mécanisme des accords de Schengen. Neuf est en effet, selon les règles de l’UE, le nombre minimal de pays pouvant adopter des accords de coopération renforcée. Merkel est satisfaite de cette formule pour deux raisons évidentes : le temps et la simplicité de sa mise en oeuvre […] : l’accord pourrait être activé en janvier ou février 2012, un délai météorique, si on le compare à celui nécessaire pour modifier un traité, jamais inférieur à un an […] L’Italie et l’Espagne feraient partie du club. Leur inclusion est vitale pour ces deux pays, car les signataires auraient le soutien permanent de la BCE. Sans oublier que l’on éviterait ainsi une division entre le Nord et le Sud.
A Berlin, Die Welt voit arriver les “obligations d’Etat d’élite” défendues par l’Allemagne : “Six pays de la zone euro avec la plus haute solvabilité (triple A), vont créer des bons du Trésor communs dont les intérêts seront dans le cas le plus positif entre 2,0% et 2,5%." Dans son éditorial, le quotidien estime que :

Les marchés demandent un signal crédible […] Les nouveaux accords, quoi qu’il en soit – vont faire passer ce message : maintenant, c’est la main de fer de Merkel qui règne en Europe.

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