TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

vendredi 18 novembre 2011

Nein Nicolas !

Angela Merkel a rejeté jeudi toute idée d'élargissement de la mission de la BCE que Paris souhaite voir avancer pour stopper l'accès de fièvre sur les marchés. Une position qui repousse une résolution rapide de la crise et risque à nouveau d'alimenter la défiance des investisseurs.
C'est une véritable fin de non-recevoir qu'a opposée la chancelière allemande, Angela Merkel, à la France qui souhaite recourir à la Banque centrale européenne (BCE) pour venir directement en aide aux États en difficulté. « Si les politiciens pensent que la BCE peut résoudre la crise de l'euro, alors ils se font des illusions », a-t-elle affirmé jeudi. En cela, Angela Merkel n'a fait que répéter les arguments opposés à Paris depuis plusieurs semaines : il ne faut pas mêler politique monétaire et politique budgétaire. Si l'institution de Francfort devient le prêteur de dernier ressort en acceptant de facto le rachat illimité de dettes souveraines des pays de la zone pour dissuader la spéculation, cela revient à financer directement les déficits de pays. Une muraille de Chine dont on comprend mal la nécessité de ce côté-ci du Rhin.
Mercredi, dans un entretien accordé aux « Échos », le ministre de l'Économie français, François Baroin, rappelait que « dans le communiqué de l'accord du 27 octobre, la BCE a pris l'engagement de jouer complètement son rôle pour garantir la stabilité de la zone euro ». Et il soulignait que « la demande d'un statut bancaire pour le Fonds européen de stabilité financière (FESF) », qui « pourrait s'appuyer sur la BCE » faisait également partie des pistes à explorer. Aussi, aux yeux de François Baroin cette opposition de Berlin à l'élargissement des missions de la BCE ne peut s'expliquer que par un biais historique : « L'Allemagne a une mémoire sur l'inflation, le surendettement. »
Réduire le débat à un blocage historique n'est toutefois pas de nature à régler un problème qui touche le coeur du projet européen. « Cette impasse entre, d'une part, l'Allemagne et la BCE et, d'autre part, plusieurs autres membres de la zone, semble devoir créer de profondes divisions dans la zone euro, au détriment du marché obligataire et de l'euro », explique Steven Barrow, économiste à la Standard Bank à Londres.
Ce dialogue de sourds se déroule en effet dans un climat qui s'alourdit. Le baromètre de la crise que sont devenus les écarts de taux est en effet en train de pencher vers l'orage. Non seulement le taux des obligations des pays du Sud s'inscrivent dans des zones rédhibitoires (lire ci-dessous), mais aussi ceux du Nord - Finlande, Autriche, Pays-Bas - (lire pages 4 et 5), qui jusqu'à il y a peu passaient pour des modèles de vertu, avec leur note AAA, commencent à être contaminés par le doute des investisseurs. Quant à la France, l'écart de son taux à 10 ans avec celui des bunds a dépassé jeudi les 200 points de base, augmentant la pression sur Paris, qui pourrait bien après l'Italie à son tour être mis à l'épreuve par les marchés financiers.
La menace d'une remise en cause du fonctionnement de la zone euro pousse à trouver d'autres solutions. Selon deux hauts fonctionnaires en poste à Bruxelles, cités par Reuters, la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI) plancheraient sur une solution consistant pour la BCE à prêter au FMI, qui ainsi pourrait venir à l'aide de pays de la zone euro qui auraient besoin de se financer et que le FESF ne pourrait pas aider de par sa taille (1.000 milliards d'euros par effet de levier). Les cas visés sont l'Espagne et l'Italie, voire la France. Une telle option permettrait de contourner le blocage sur la BCE. Hors zone euro, les doutes augmentent, comme l'a résumé le président américain jeudi. « Je suis profondément inquiet, je l'étais déjà auparavant, je suppose que je le serai demain, la semaine prochaine et la semaine suivante », s'est lamenté Barack Obama. Ses inquiétudes sur l'Europe peuvent se doubler de celles sur la dette américaine qui vient de franchir le seuil symbolique des 15.000 milliards de dollars.

0 commentaires: