TOUT EST DIT

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samedi 19 novembre 2011

Les riches Grecs font fructifier leurs bas de laine à l'étranger

Des particuliers aisés aux grands fortunes, les Grecs sont de plus en plus nombreux à placer leurs capitaux dans l'immobilier parisien ou dans des coffres-forts suisses, craignant une sortie du pays de la zone euro.

Depuis l'ouverture de son cabinet d'avocats franco-hellénique en 1996, jamais Georgia Kouvela-Piquet n'a été autant sollicitée. «Chaque semaine, je reçois deux à trois demandes concernant des investissements en France.» Ces sollicitations proviennent directement de Grèce. Elle émanent tantôt de particuliers «disposant de 500.000 euros» à investir dans l'Hexagone, parfois à de très riches hommes d'affaires, dont la fortune va «de 20 millions à 500 millions d'euros», précise cette avocate parisienne. D'après elle, 80% de ces requêtes concernent l'acquisition de biens immobiliers, très largement «à Paris ou sur la Côte d'Azur». Certains veulent mettre leurs économies dans un petit appartement pour le louer. D'autres, bien plus fortunés, disposent déjà d'actifs et souhaitent notamment se renforcer dans des immeubles de bureaux. Mais quel que soit le montant de leurs investissements, ces Grecs ont tous le même objectif: sécuriser leurs bas de laine. Avec en épouvantail, la possible faillite de la Grèce et une sortie du pays de la zone euro.
D'après Georgia Kouvela-Piquet, le phénomène a débuté dès la fin de l'été 2010, et s'exacerbe à mesure qu'Athènes s'enfonce dans la crise. En guise de baromètre, elle cite le fait que certains de ses clients lui demandent parfois «d'envoyer [ses] notes d'honoraires au plus vite», craignant de ne plus pouvoir les honorer dans un futur proche. En quête d'un placement immédiat, certains «viennent même pour la première fois en France pour me rencontrer», renchérit l'avocate.

La pierre londonienne en valeur refuge

Aux yeux de ces investisseurs, pas question de mettre ses oeufs dans le même panier, surtout à l'heure où le spectre d'une contagion de la crise a franchi un nouveau cap avec les récents déboires économiques de l'Italie. D'après notre avocate, nombre de ses clients ciblent ainsi différentes capitales européennes. Si la pierre française a la cote, l'anglaise n'a ainsi rien à lui envier: pour Richard Barber, qui travaille à l'agence londonienne huppée W. A. Ellis, les Grecs sont de plus en plus nombreux à investir dans la capitale britannique. Selon lui, ils auraient dépensé 250 millions de livres sur les douze derniers mois pour acquérir des propriétés de haut standing.
Autre point de chute privilégié pour les capitaux helléniques: la Suisse, dont le franc semble jouer à plein son rôle de valeur refuge. Sous le gouvernement de l'ex-premier ministre grec Georges Papandréou, Dimitris Kouselas, alors secrétaire d'État au ministère des Finances, avait évalué à «280 milliards d'euros, soit 120% du PIB grec» les fonds de ses concitoyens dans les banques helvètes. Au total, selon le quotidien allemand Handelsblatt, pas moins de 560 milliards d'euros auraient été placés sur des comptes bancaires étrangers depuis le début la crise. Soit, en résumé, près du double de la dette d'Athènes.

«Perte de confiance»

Ces fonds appartiennent majoritairement aux grandes familles d'armateurs, de magnats du pétrole, du tourisme ou encore de la construction. Figure de proue de ces clans richissimes, les Latsis, première fortune grecque, résident à Genève. Elle pèserait à elle-seule quelques 3,38 milliards d'euros, selon le magazine Greek Rich List, l'équivalent de Forbes à l'échelle hellénique. Pour Savvas Pavlou, son directeur de publication, cette fuite des capitaux est à mettre sur le compte de l'«incertitude» couplée à la «perte de confiance» dans l'économie nationale, gangrenée par «une culture de la fraude et de la corruption». Conséquence: «chacun met son capital où il est le mieux traité», cingle-t-il.
Problème: ces riches familles constituent «l'épine dorsale» du tissu économique grec, poursuit Savvas Pavlou. «Leur désaffection pèse sur les investissements locaux», abonde Céline Antonin, économiste à l'OFCE et spécialiste de la Grèce. «Or ceux-ci constituent un des moteurs de la croissance», poursuit-elle, rappelant que le PIB du pays a encore plongé de plus de 5% au troisième trimestre 2011.

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