TOUT EST DIT

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samedi 19 novembre 2011

Exaspérations

« L’Europe parle allemand », s’est félicité le président du groupe parlementaire chrétien-démocrate. Une façon peu diplomatique de dire que la zone euro se plie désormais à la rigueur allemande synonyme de bonne gestion.

Ce ton péremptoire a beaucoup déplu, également outre-Rhin. Mais rien d’étonnant : surtout en France, l’Allemagne est citée en modèle, un modèle sur lequel il faut à tout prix s’aligner pour sortir de la crise.

Pourtant, question « vertu » financière, notre voisin est de loin devancé par les Pays-Bas, la Finlande ou le Luxembourg. Mais seule la championne des exportations importe en faisant de Berlin le « maître d’école ». Et cela commence à exaspérer, tout comme exaspère un lamento aux effets psychologiques désastreux courant dans toutes les couches de la société allemande : l’Europe convoiterait le bas de laine de l’Allemagne amassé à la sueur des réformes, l’Allemagne paierait pour tous. Ce qui est complètement faux. Par exemple, avec 159 milliards, les Français sont autant garants du Fonds européen de stabilité financière FESF que les Allemands à hauteur de 211 milliards… et 20 millions d’habitants de plus que la France.

Malheureusement, la légende a la vie dure. Elle pousse à l’euroscepticisme et à un populisme perceptible jusqu’aux partis gouvernementaux.

Que l’Allemagne soit un modèle pour la finance et les affaires, nul ne le nie. Toutefois, cette médaille a un revers dont ne parlent jamais ceux qui plaident la « convergence » franco-allemande à longueur de discours : la paupérisation gagne chez nos voisins (voir ci-contre), le tissu social se détricote jusqu’à l’assurance-maladie qui glisse vers le « privé » avec des cotisations difficilement accessibles au plus grand nombre.

Mais pour continuer à jouer son rôle politique en Europe, Paris s’accroche à Berlin. Or cette « Merkozy » exaspère aussi, et pas seulement en Grèce ou en Italie. D’autant plus qu’auprès des autres partenaires européens la France passe pour la mouche du coche en essuyant sans broncher les « Nein » de la chancellerie. Et ce encore récemment lors d’une énième tentative pour infléchir la politique de la BCE de Francfort. Le général de Gaulle et François Mitterrand ont dû se retourner dans leur tombe ! L’axe franco-allemand exige un pied d’égalité.

En réalité, bien que le tender France soit rivé à la locomotive Allemagne, les divergences s’accentuent entre les deux pays. Si la crise devait encore s’amplifier, l’attache craquerait. Au grand désespoir de tous.

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