TOUT EST DIT

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vendredi 11 novembre 2011

La paix est toujours fragile

Il y avait ceux qui redoutaient un conflit entre la France et l'Allemagne. Ils savaient qu'une telle guerre serait meurtrière, destructrice, qu'elle épuiserait les belligérants. Les structures d'État, pensaient-ils, risquaient de voler en éclats ainsi que la civilisation européenne. Il était à leurs yeux si déraisonnable de se lancer dans une telle aventure que, croyaient-ils, personne ne s'y risquerait.

Mais il y avait aussi ceux qui souhaitaient l'affrontement : les uns pour dominer, les autres pour se venger, pour reconquérir les terres aimées d'Alsace et de Lorraine perdues quarante ans plus tôt. Ils se refusaient à laisser leurs malheureux compatriotes sous la domination étrangère.

Et l'explosion eut lieu. On partait de chaque côté avec la certitude d'obtenir la victoire en quelques mois d'une guerre « fraîche et joyeuse ». À l'Ouest, on criait « À Berlin ! ». À l'Est, on criait « À Paris ! »...

Et ce fut l'enlisement dans une guerre longue de quatre ans, l'enfouissement dans les tranchées écrasées par une artillerie de plus en plus perfectionnée. Ce fut la boue, le sang, les larmes. La folie guerrière, au nom du patriotisme, s'était emparée des esprits. On se livrait d'épouvantables batailles, comme celle de Verdun ou de la Somme, où l'on perdait des centaines de milliers d'hommes de chaque côté en quelques semaines. Le massacre fut considérable. L'Europe en sortit épuisée. Le vaincu traîna son malheur durant des années et, pour en sortir, accepta de se fier à celui qui lui promettait monts et merveilles et savait galvaniser les foules.

L'Union européenne, gardienne de la paix

Le vainqueur se crut vainqueur pour toujours. Il se reposa sur ses lauriers jusqu'au jour où, de nouveau, le désir de revanche et l'instinct de domination réveillèrent les vieux démons. La Deuxième Guerre mondiale avait été conçue dans les entrailles de la Première et provoquée par ce malheureux traité de Versailles hautain, méprisant, écrasant. Ce fut de nouveau la tourmente abominable, entraînant des millions de morts.

Cependant, comme les soldats engloutis dans ces horribles tueries d'hier, ceux qui périssent dans les conflits d'aujourd'hui subissent les mêmes souffrances. Leur disparition cause à leurs proches les mêmes chagrins. Ils devraient recueillir les mêmes honneurs. Qu'aujourd'hui l'hommage aux morts de 14-18 soit élargi aux soldats tués au combat dans des affrontements plus récents n'est donc que justice.

Tout cela devrait nous mobiliser pour la paix, pour l'entente et la coopération entre les peuples. Avec l'Irak, avec l'Afghanistan, nous voyons bien que la guerre n'apporte pas les solutions espérées.

En ce 11 novembre, nous allons célébrer, une fois de plus, la victoire de 1918. Mais, pour la première fois, nous allons pouvoir dire notre reconnaissance à tous ceux qui sont morts, à l'époque, comme à tous ceux qui, depuis, ont donné leurs vies dans trop de conflits. Nous devrions évoquer ensemble toutes ces jeunesses, de quelque nation qu'elles soient issues, qui n'ont pu accomplir les promesses de la vie.

En même temps, songeons que la paix est toujours fragile. Heureusement, grâce à l'union de l'Europe, nous avons su éviter tout conflit depuis près de soixante-dix ans sur ce continent qui, de mémoire, n'a jamais connu une si longue période de paix. L'Union européenne en est devenue la gardienne. Ses détracteurs d'aujourd'hui seraient bien inspirés de garder tout cela en mémoire.

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