TOUT EST DIT

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lundi 10 octobre 2011

Un second tour incertain et risqué


Quel étrange et beau dimanche ! D'un côté, au fil des heures monte une ambiance de présidentielle, signe que la primaire citoyenne allait être un succès supérieur à tous les pronostics. De l'autre, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel occupés à éviter que la faillite de la Grèce ne provoque un effondrement du domino bancaire, au prix d'un nouvel engagement budgétaire.

En attendant de vérifier si les rêves du peuple de gauche résisteront au mur des réalités économiques, saluons cette audacieuse innovation démocratique. Avant-hier discutée par les socialistes eux-mêmes, hier brocardée par l'UMP, aujourd'hui saluée par François Fillon, la primaire est un pari gagné qui aura des conséquences insoupçonnées.

Pour le Parti socialiste d'abord. Sorti éreinté du congrès de Reims, il a mobilisé hier quinze fois plus d'électeurs qu'il ne compte d'adhérents ! Cette mobilisation, qui traduit une volonté évidente de changement, donnera de la force et de la légitimité au gagnant. Pour la première fois depuis François Mitterrand, le PS retrouve une capacité à se choisir un chef par la mobilisation, et non plus par la triche et les accords en coulisses. Mais quel chef ?

Si les scores de François Hollande et de Martine aubry sont cohérents avec ce qu'anticipaient les sondages, la poussée d'Arnaud Montebourg et la dégringolade de Ségolène Royal modifient la donne au second tour. Arbitre s'il le souhaite, le candidat de la démondialisation peut conforter Martine Aubry, avant même que l'on sache si la présidente de Poitou-Charentes appellera à voter pour son ancien compagnon ou pour celle qui lui a ravi les commandes du PS.

Pour la droite, agacée et presque tétanisée par ces primaires très médiatiques, c'est une leçon. N'en déplaise à Jean-François Copé qui avait fait de la conquête de l'UMP la clé de sa stratégie pour 2017, le chef du parti n'est plus le candidat automatique à la présidentielle. De même que la candidature à la mairie de Paris ne se décrète pas.

Quel que soit le vainqueur dimanche prochain, le PS globalement a gagné. Il a fait la preuve qu'il savait innover, qu'il pouvait organiser une opération exigeante, que ses leaders sont capables de civiliser leur confrontation et même d'apaiser leur ego. La primaire révèle des personnalités ¯ Arnaud Montebourg et Manuel Valls ¯ qui compteront à l'avenir, parce qu'elles sont à la fois plus clivantes et plus modernes, donnant un coup de vieux aux « éléphants ». Elle modifie, enfin, la nature du parti en renforçant la personnalisation et en réduisant le rôle des seuls militants encartés.

À présent, la gauche va devoir gérer ce succès. Si la confrontation du premier tour n'a jamais tourné à l'affrontement, le départage entre François Hollande et Martine Aubry risque d'être d'autant plus tendu que le score s'annonce serré. Pour gagner dimanche, il va falloir frapper fort au risque de diviser. Mais pour gagner dans sept mois, il va falloir rassembler ! La machine à dynamiser peut encore s'enrayer.

Même si le succès de la primaire donne aux socialistes un élan inimaginable il y a quelques mois, il ne garantit pas encore, comme l'a démontré l'exemple italien, la victoire finale. Surtout, la crise complique, pour tous les candidats, la conciliation entre le souhaitable et le possible. Plus encore pour un PS déporté sur sa gauche par Arnaud Montebourg.

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