TOUT EST DIT

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lundi 3 octobre 2011

Le vrai-faux exemple allemand

C’est vrai, comparée à la France, l’Allemagne collectionne les bons points de la classe économique: un excédent commercial record, un déficit budgétaire en dessous du seuil de Maastricht, 169 000 chômeurs en moins en août... pour ne citer que quelques exemples. Vus de Paris, et notamment de l’Élysée, ces résultats sont le fruit d’une politique de réformes menée depuis une décennie: l’«agenda 2010» lancé par l’ancien chancelier Schröder et concrétisé par Angela Merkel. Avec, il faut le souligner, des travers qui aujourd’hui font douter de cette «économie sociale de marché rhénane», longtemps le point fort de l’Allemagne: pratiquement pas de salaire minimum, beaucoup de travail précaire payé au lance-pierres (voir ci-dessous) et un système de santé qui s’étiole encore plus vite que dans l’Hexagone.

Mais en ces temps de crise et de turbulences financières, le tandem France-Allemagne ne peut que rester rivé à la locomotive allemande. Avec un besoin urgent de réformes car, à côté du «bon» exemple allemand en existe un autre vraiment catastrophique: celui de la Grèce incapable de se moderniser.

Encore faut-il expliquer ces indispensables réformes, et non en assénant des demi-vérités dans l’espoir de faire passer une potion amère. Ainsi, justifier le nouvel âge du départ à la retraite (62 ans) en citant 67 ans pour l’Allemagne est faux. Sans entrer dans la complexité de l’assurance-vieillesse allemande avec ses diverses «complémentaires», l’âge légal du régime de base (équivalent de la CNAV) reste encore établi à 65 ans. À partir de 2012, cet âge augmentera d’un mois par année de naissance pour les générations 1947 à 1958, puis de deux mois pour les générations 1958 à 1964. Le seuil des 67 ans ne sera atteint qu’à partir de 2031 et, en principe, toujours pour 35 années de cotisations (bientôt 42 en France). En réalité, en raison de faibles décotes, l’âge moyen du départ en retraite se situe à 63 ans.

Reste une autre grande et indispensable réforme pudiquement passée sous silence, surtout en période électorale où il ne faut pas s’aliéner les élus locaux: celle de l’État. Bien que l’Allemagne soit une fédération avec de multiples ministères dans les Länder, ses dépenses publiques restent inférieures à celles de la France. Chez nous, elles accaparent près de 60% du PIB depuis le «centre» parisien jusqu’aux 36 000 mairies en passant par les régions, les départements, les communautés de communes, tout un « millefeuille » avec son décorum hérité de l’Ancien Régime.

Or, réformer signifie aussi et d’abord dépenser moins, pas seulement en supprimant des postes de fonctionnaires vite remplacés par des agents territoriaux. Et réduire les charges. Déjà, les prélèvements obligatoires (taxes, impôts, cotisations sociales...) dépassent les 49% en France contre 42,5% chez nos voisins. Une différence de plus de six points qui, ajoutée au traditionnel dynamisme des entreprises d’outre-Rhin, explique beaucoup...

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