Le premier ministre grec est parvenu jusqu’ici à traverser la tempête qui, sitôt sa victoire il y a deux ans, s’est abattue sur les finances grecques et, au-delà, à toute l’économie du pays. Malgré les grèves et manifestations, malgré les rappels à l’ordre de ses créanciers, malgré l’exaspération au sein de son propre camp, le dirigeant socialiste se maintient au pouvoir.
Sa formation s’est même offert une victoire aux municipales et régionales de novembre 2010. Un scrutin toutefois marqué par une abstention record, qui résume l’attitude grecque à l’égard du premier ministre : ni favorable ni hostile, faute d’alternative crédible. « Il a tout le monde contre lui : la gauche, la droite, les syndicats , mais il résiste », reconnaît son conseiller en communication, Vassilis Papadimitriou. Le bureau du premier ministre grec a démenti avant-hier une rumeur de démission.
« En patriote, il entend sauver son pays »
« La majorité des électeurs ne veut pas de législatives anticipées, qui seraient une perte précieuse de temps et d’argent » , confirme Sophia Tsiliyanni, qui dirige l’institut grec de sondages Marc. Par son ampleur, la crise économique est devenue l’unique raison pour Georges Papandréou de se maintenir. « Il se moque de sa carrière, de son futur politique et sait qu’il va se sacrifier, confie un de ses collaborateurs directs, il pourrait partir, convoquer des élections mais, en patriote, il entend sauver le pays. »« Sa crédibilité, c’est son calme », relève un observateur politique européen, impressionné par « un homme de réflexion, qui veut discuter et comprendre ». Qu’il reçoive des journalistes dans son bureau à Athènes ou qu’on le croise au Forum économique mondial de Davos, où il s’évertue inlassablement à convaincre de sa détermination à réformer, son écoute, son ton rassurant et son indéfectible sourire entretiennent une impression de sérénité dans l’épreuve.
Un flegme quasi inné. Son père Andreas, lui-même ancien premier ministre, raconte comment, lors du coup d’État des colonels en 1967, son fils, alors âgé de 13 ans, s’est retrouvé face au chef de la junte lui intimant de dire, avec un pistolet sur la tête, où était son père. Le jeune Georges a simplement répondu : « Je ne sais pas. » L’attente continue des marchés financiers et de la rue devient aujourd’hui comme une arme braquée à chaque instant sur Georges Papandréou.
« Une pression de chaque jour, de chaque heure »
« C’est une pression de chaque jour, de chaque heure , témoigne notre observateur européen, reconnaissant qu’aujourd’hui, à 59 ans, l’homme « a l’air fatigué, moins à l’aise, hésitant » . Même le calme olympien de celui surnommé ironiquement « Yorgakis », le « petit Georges », en comparaison à la figure historique de son grand-père, dirigeant de la Grèce d’après-guerre, finit par perdre de son effet. La cote de popularité du premier ministre a dégringolé de 80 %, lors de son arrivée au pouvoir, à 30 % aujourd’hui.« Papandréou ne se montre pas assez dur et offensif face à une crise qui paraît trop énorme pour sa carrure », critique l’économiste Aggelos Tsakanikas, de la fondation Iobe, proche du patronat. « Il a tardé à prendre les réformes qui s’imposaient et ne dispose pas des relais qu’il faudrait dans l’administration pour que ces réformes soient appliquées. Son seul atout pour être encore respecté dans son parti est son nom prestigieux. Ses nombreux déplacements à l’étranger ont donné l’impression qu’il n’était pas sur le terrain pour se battre. »
Ce rôle de monter au front, d’annoncer les mauvaises nouvelles et de taper du poing sur la table, Georges Papandréou l’a confié depuis juin à son nouveau ministre des finances, Evangelos Venizélos, érigé vice-premier ministre. Ce rival politique de 54 ans est devenu le nouvel homme fort du pouvoir, dont l’éloquence et l’influence au sein du Pasok tranchent. Une façon aussi pour Georges Papandréou de partager au quotidien le poids de la crise. Et, peut-être, de mettre en selle un remplaçant en vue de la fin de son mandat en 2013.
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