Incroyable mais vrai! Entraînés par la panique générale sur les marchés, nombre de grands groupes européens sont aujourd’hui en soldes, voire en « hypersoldes ». Leur capitalisation boursière ne représente plus qu’une faible partie de leur valeur réelle. Tout juste leur patrimoine immobilier pour quelques chaînes de supermarchés, le prix d’une douzaine d’«Airbus» pour Air France. Gare aux prédateurs qui voudraient profiter de telles aubaines!
La situation a beau être absurde, incompréhensible, elle sonne l’alerte: pendant que tel investisseur chasse la bonne affaire pour la rendre encore plus rentable après «dégraissage», d’autres se débarrassent de leurs actifs par peur de la récession mondiale. Après les banques punies par leur cupidité, toute l’économie trinque, en commençant par l’Europe.
La faute à qui? Toujours invoquer la Grèce devient lassant car avec une addition de volonté, de vision politique, plus une bonne part d’esprit européen, le problème aurait pu être réglé à temps. Après tout, la Grèce en faillite représente juste 3% du PIB de l’UE. Certes, il y a l’effet domino: il aurait été freiné dans la lancée en ne faisant plus (ou un peu moins...) douter de l’euro. Mais c’est la paralysie totale. Aux fanfaronnades Sarkozy-Merkel du 21 juillet sur le sauvetage de la Grèce – donc aussi de l’euro – a suivi la plus opaque expectative. Les ministres des Finances de l’Eurogroupe viennent de décider de ne rien décider en faisant durer le «plaisir» jusqu’à la mi-novembre. Or, il ne s’agit même pas du deuxième plan d’aide à la Grèce, celui de 160 milliards dans le cadre du Fonds de solidarité (FESF) élargi, mais du versement de 8 (peut-être 10) milliards déjà prévus en mai 2010. Six semaines de plus pour faire pression sur Athènes, pour voir si le pays, de grève générale en grève générale, va tenir ses engagements et enfin amorcer quelques réformes... Mission impossible !
Cet attentisme pesant accélère la crise en nourrissant toutes les spéculations. Sur le «défaut» de plus en plus probable de la Grèce comme sur l’efficacité du FESF. En tenant également compte des autres engagements (Irlande, Portugal, dettes souveraines à racheter...) et des éventuels appels au secours à venir, les 440 milliards de garantie ne suffiront pas. Un «effet de levier» poussant le Fonds (part européenne) à 1 000 milliards est en discussion. L’Allemagne, déjà partie prenante pour 211 milliards, s’inquiète. Curieusement, l’éventualité ne fait que peu débat en France, pourtant engagée à hauteur de 159 milliards... Se pose aussi la question de la recapitalisation des banques sur intervention publique avec pour nouveau détonateur l’affaire Dexia. Enfin, qu’en est-il du gouvernement économique de la zone euro? L’initiative franco-allemande se limite pour l’instant à une querelle de lutrin avec la Commission.
Tant d’immobilisme politique ne pousse pas à l’optimisme. Mais il est vrai qu’on peut toujours prêter l’oreille aux bonnes paroles, si abondantes en période électorale...
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