TOUT EST DIT

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jeudi 8 septembre 2011

L'hypothèse du naufrage grec

Malgré l'austérité, la dette explose. Le FMI pourrait laisser les Européens seuls face à leurs responsabilités.

La Grèce fonce-t-elle droit dans le mur ? La question est sur toutes les lèvres. De plus en plus d'économistes, allemands en particulier, jugent inévitable sa sortie de la zone euro. Les nuages s'amoncellent au-dessus d'Athènes.
Une dette "hors de contrôle"
Malgré la cure d'austérité drastique imposée par l'Union européenne et le FMI, le gouvernement socialiste ne parvient pas à atteindre ses objectifs de déficit public. Notamment parce qu'il peine à convaincre les Grecs de payer leurs impôts. Selon la presse nationale, les inspecteurs de la troïka (Union européenne, BCE, FMI) s'attendent désormais à voir le trou budgétaire atteindre 8,8 % du PIB, alors que Athènes s'était engagé en juin à le limiter à 7,4 %. Quant au PIB, il devrait baisser de 4,5 % en 2012, soit un point de plus qu'attendu.
Autant de mauvaises nouvelles qui ont poussé des experts du bureau du Budget de l'État, un organisme chargé d'informer le parlement grec, à considérer que la dette du pays était "hors de contrôle". D'environ 130 % du PIB en 2009, elle pourrait dépasser les 160 % à la fin de l'année ! Même si ce jugement a aussitôt été qualifié de "gaffe" par le ministre des Finances Evangelos Venizélos, cela devrait inciter les bailleurs internationaux à la prudence.
L'appui incertain du FMI
La troïka a d'ailleurs interrompu brutalement vendredi son audit trimestriel du pays entamé fin août, officiellement pour "permettre aux autorités de terminer leur travail technique" lié au "budget 2012" et aux "mesures structurelles de renforcement de la croissance". Mais les inspecteurs seraient en réalité insatisfaits des progrès hellènes, notamment sur le programme de privatisations censé atteindre 50 milliards d'euros. L'enjeu est de taille, car ils doivent décider le 15 septembre s'ils débloquent ou non la sixième tranche du premier plan d'aide de 110 milliards d'euros décidé en mai 2010. "Dans ce genre de cas (le non-respect des objectifs fixés, NDLR), la doctrine ordinaire du FMI est de suspendre l'aide", rappelle le chef économiste d'Oddo Securities, Bruno Cavalier, dans une note publiée lundi. Une telle issue remettrait en cause le plan de financement du pays.
Le second plan d'aide menacé
Mais le blocage pourrait aussi bien venir des partenaires européens de la Grèce. La Slovaquie rechigne à payer pour Athènes. Seul pays de la zone euro à avoir refusé de participer au premier plan de soutien, le Parlement de Bratislava menace maintenant de repousser aux calendes grecques la ratification de l'accord du 21 juillet, qui prévoit l'augmentation des moyens du FESF, censé prêter 109 milliards d'euros supplémentaires. "La Grèce doit se déclarer en faillite et l'Italie doit commencer à faire des économies", a jugé le chef du parlement slovaque, Richard Sulik, membre d'un des quatre partis de la coalition de droite au pouvoir, capable à lui seul de bloquer l'approbation du Parlement. Quant à la Finlande, elle a demandé à Athènes de lui mettre de côté une réserve d'argent, censée produire des intérêts, pour se garantir contre un éventuel non-remboursement. Si d'autres pays devaient formuler les mêmes exigences, cela pourrait rendre le second plan de sauvetage européen caduc.
Les marchés n'y croient plus
Reflets de toutes ces inquiétudes, les taux d'intérêt sur les obligations grecques à deux ans dépassent les 50 %. Un record. En comparaison, le Portugal, autre pays d'Europe sous perfusion, ne paye pas plus de 15 % et l'Allemagne moins de 0,50 %... À l'évidence, les investisseurs parient sur un défaut d'Athènes, voire sa sortie de la zone euro.

 

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