jeudi 4 août 2011
Vote sur la dette, le djihad du Tea Party
Bien sûr, cette bataille au couteau entre une Chambre des représentants à majorité républicaine et un Sénat à la tripe démocrate a donné un aperçu de ce que sera la campagne présidentielle de 2012. Mais est-ce cela, cette empoignade très politicienne, qui compte vraiment ? Ce qui importe pour l'Amérique et compte tenu de sa puissance et de son influence sur l'économie mondiale, c'est de savoir si les coupes dans les dépenses décidées par l'accord entre le Congrès et la Maison-Blanche - toutes les dépenses y compris militaires - ne vont pas affecter une croissance déjà bien atone : 0,8 % au premier semestre.
Idéologie suicidaire
Dans un éditorial du New York Times, Joe Nocera, citant un expert d'une firme d'investissement, explique qu'en économie "c'est comme dans un problème de fractions, il y a un numérateur et un dénominateur". Le numérateur, c'est la dette, le dénominateur, c'est la croissance. "Le problème, ajoute-t-il, c'est que nous avons augmenté sans cesse le numérateur et empêché le dénominateur de suivre. Il aurait fallu beaucoup de croissance pour diminuer la dette. Les mesures décidées cette semaine ne vont pas favoriser le PNB. Et donc doper le dénominateur."
En fait, ce sont les Bourses qui, comme souvent aux États-Unis, ont donné la vraie mesure de ce qui s'est passé cette semaine, et que le monde entier salue avec un assez lâche soulagement. Or, elles étaient largement orientées à la baisse. Le verre est donc plutôt à moitié vide qu'à moitié plein. Car même s'ils n'ont pas complètement réussi leur pari, les républicains, qui endossent de plus en plus les idées radicales du Tea Party, ont réussi leur coup : pour résorber la dette, ce ne sont pas les impôts des plus fortunés qui vont augmenter, comme il était prévu qu'ils le soient, ce sont les dépenses sociales, notamment pour les classes moyennes, qui vont être amputées. Un commentateur va même jusqu'à comparer le travail de sape qui a failli ruiner la confiance que le monde entier a dans la puissance américaine à une nouvelle forme de djihad. Une guerre sainte lancée cette fois non pas par des fanatiques venus d'ailleurs, mais par de bons Américains dévoyés par une idéologie suicidaire pour les États-Unis.
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