TOUT EST DIT

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mardi 2 août 2011

Hospitalités partagées

L’ouverture de la Grande mosquée de Strasbourg, hier, au premier jour du ramadan, est une date importante pour toute l’Alsace, indépendamment des croyances de chacun.

Depuis 1976, les lieux dédiés à l’islam se sont multipliés dans la région, mais c’étaient des oratoires reconvertis : on transformait en salles de prière d’anciens commerces ou d’anciens ateliers. La mosquée de Strasbourg marque les esprits parce qu’elle a dès l’origine été conçue pour le culte ; c’est une mosquée de plein exercice et non une salle polyvalente à connotation religieuse.

Sa construction a engendré de longs débats où les controverses architecturales cachaient mal les calculs politiques. Mais si Strasbourg veut être pleinement une ville ouverte sur le monde, elle doit en mesurer toutes les obligations. Il est normal que les musulmans de Strasbourg puissent prier dans une mosquée dédiée. L’islam républicain n’a pas à se cacher et a droit de cité.

Il faut à ce propos saluer la démarche d’accueil engagée depuis plus de trente ans par les dirigeants des cultes concordataires. Évêques, pasteurs et grands rabbins ont travaillé à la paix commune, refusant de marginaliser l’islam au prétexte qu’il est le dernier arrivé et ne relève pas du fameux Concordat de 1801.

Une étape intellectuelle est franchie. Les religions, du moins dans les endroits privilégiés de la planète, modifient leur manière d’être. Elles ont tout à gagner à ne pas se laisser instrumentaliser, à ne pas se laisser réduire au rang de marqueurs identitaires. Une idée, encore trop timide, mérite de grandir : elle consiste à ouvrir des chemins parallèles où les religions avanceront de concert au lieu de batailler pour tenter de savoir laquelle est la plus pure.

Mais il faut être lucide. Le processus intégrateur qui a permis l’ouverture de la mosquée de Strasbourg est très fragile quand on l’examine à l’échelle du monde. Les nostalgiques des croisades, ces dangers publics, n’ont pas dit leur dernier mot.

Chacun doit y mettre du sien afin de ne plus reproduire à l’infini les sanglantes concurrences dogmatiques de jadis. Ce doit être un but collectif et partagé. C’est pourquoi, de même que les musulmans d’Europe défendent les constructions de mosquées en Europe, on aimerait que tous leurs représentants militent ardemment auprès des autorités religieuses d’Égypte, d’Algérie, d’Irak ou du Pakistan pour les convaincre de trois choses : qu’il n’est ni honteux ni menaçant d’être chrétien sur une terre majoritairement musulmane, que les églises chrétiennes n’ont pas à s’y cacher et que les assassinats de non-musulmans commis au nom de l’islam sont des crimes qu’il faut non seulement déplorer verbalement mais aussi combattre efficacement.

L’islam a le sens de l’hospitalité. Il ne doit pas l’oublier.

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