TOUT EST DIT

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mercredi 13 juillet 2011

"Une parole commune franco-allemande apaiserait les marchés"

Pourquoi l'Italie est-elle attaquée par la spéculation ? 

Karine Berger : Dans le tumulte du débat sur la dette publique en Europe, on a sous-estimé la situation macroéconomique des pays concernés. Si l'on compare la croissance de leurs produits intérieurs bruts (PIB) au premier trimestre 2011 et au premier trimestre 2008, on constate que le Portugal a décroché de 12 %, la Grèce de 9 %, le Japon de 6 %, l'Italie de 5 %, le Royaume-Uni de 4 % et l'Espagne de 4 %.
L'économie italienne est en contraction, et cela commence à se voir. Elle affronte un choc économique qu'elle n'est pas en état de digérer. Les marchés se focalisent non sur sa dette, mais sur son PIB.
A cela s'ajoute qu'en 2005 Silvio Berlusconi a été le premier à envisager une sortie de la zone euro. Ce souvenir est resté dans les têtes. Enfin, les finances publiques de l'Italie sont très dégradées, et sa dette très attaquable.

L'Italie peut-elle s'en sortir ?
Je n'ai jamais rien compris à la politique économique de M.Berlusconi face à la crise. Quoi qu'on en pense, la politique d'austérité de la France est claire et crédible, parce que la reprise y est réelle. En revanche, en Italie, l'austérité ne suffira manifestement pas. Ce pays a un problème de crédibilité politique.
Quelle est la prochaine cible des marchés ?
Personne n'en parle, mais le Royaume-Uni a tendu un rideau de fumée baptisé, là encore, "plan d'austérité". Pour réussir, celui-ci suppose 3 % de croissance qui ne seront pas au rendez-vous cette année. Si nous demeurons dans l'état d'apesanteur que nous connaissons, les prochains sur la liste des cibles pourraient donc être le Royaume-Uni et l'Espagne.
La faiblesse politique de l'Union européenne contribue-t-elle à la multiplication de ces attaques ?
Les marchés ont attaqué parce que l'Union économique est en état d'échec total depuis deux ans. Si l'Europe avait signé alors un chèque pour régler le problème grec, nous ne nous trouverions pas en proie à la folie actuelle. L'Allemagne est dans sa logique ; en revanche, je ne comprends rien à la proposition française, qui suppose l'absence de défaut, mais après ? Mettez-vous à la place de l'investisseur de Hong Kong. Informé de loin par le Financial Times, il comprend seulement que c'est la pagaille en Europe et il s'enfuit.
Comment analysez-vous la position de la Banque centrale européenne ?
Elle ne veut pas revivre toute seule une nouvelle affaire Lehman Brothers et financer un marché interbancaire menacé d'apoplexie sans le secours des autres banques centrales. Mais il va bien falloir en passer par un défaut de la dette grecque, car, avec une croissance aussi faible, il n'est pas possible d'étaler la montée inexorable des intérêts. Pourquoi pas une solution macroéconomique à trois ans ? Mais à dix ans, les marchés n'y croiront pas.
L'Allemagne a-t-elle raison de vouloir faire participer les banques à un rééchelonnement de la dette grecque, pour des raisons morales ?
Cela me paraît normal, à condition que les banques expliquent leur exposition au risque, et que les gouvernements disent comment sera partagé le défaut grec entre les établissements. Autrement dit, il conviendrait de donner un coup de purge rapide pour revenir aussitôt sur les marchés.
Quelle est la solution ?
Il nous faudrait une expression commune Merkel-Sarkozy sur un défaut partiel, et dans une totale transparence, ce qui n'exclurait pas des mouvements de panique. Oui, la "mère de toutes les batailles", celle qui apaiserait les marchés, est une parole commune franco-allemande, mais je n'y crois plus. C'est de la politique, et non de l'économie. L'été sera agité.

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