TOUT EST DIT

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samedi 23 juillet 2011

Un carrefour stratégique

On a longtemps dit, à juste titre, qu’il n’appartenait pas à la Banque centrale européenne de piloter les choix économiques de l’Europe. Aux États de prendre leurs responsabilités. La solution choisie hier à propos de la dette grecque, qui rompt avec la doctrine initiale des banquiers, va dans ce sens. A situation d’urgence, solution d’urgence, suggérée par le compromis laborieusement mais utilement mis au point par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel.
Ce qui est en cause, c’est l’existence de l’Europe en tant qu’acteur majeur au sein d’une économie mondialisée. La fragilité grecque, irlandaise ou portugaise est moins que jamais le problème de la Grèce, de l’Irlande ou du Portugal ; c’est un problème commun à toute l’Europe. Il est temps que les nostalgiques du chacun pour soi s’en persuadent.
L’Europe se perdra si elle continue à privilégier la gestion tatillonne des querelles internes qui la fascinent autant qu’elles la minent. L’enjeu global est la place de l’Europe face à une Chine qui rêve d’être la première économie du monde et face aux États-Unis. L’euro, en tant que devise de rang mondial, est l’outil de cet objectif.
Les discussions d’hier marquent un tournant. La multiplication des crises nous oblige à nous poser ouvertement la question du saut vers une gestion fédérale de la monnaie européenne même si on sait que triomphe encore largement la préférence pour des politiques budgétaires nationales. Mais l’heure n’est plus aux colmatages, au goudron gentiment tartiné sur la coque du tonneau des Danaïdes. C’est de stratégie et non plus de tactique qu’il faut parler.
L’Europe connaît une récession redoutable, la plus forte de l’après-guerre. Elle a beaucoup trop compté sur le pacte de stabilité, censé faire office de pare-feu et de garde-fou. C’était une illusion trompeuse, dont le pouvoir exécutif de l’Europe s’est servi pour reporter à plus tard les grandes décisions.
L’Europe a pendant des années traîné les pieds, elle a fait semblant de regarder ailleurs, elle a cherché une foule de raisons pour se dispenser de prendre le taureau par les cornes. Et c’est dans les cordes qu’elle a été propulsée par les marchés financiers dont on connaît la brutalité.
Les solutions in extremis négociées au forceps, les séances nocturnes et autres coups de collier de dernière minute font partie de l’histoire de l’Europe. Il est temps maintenant de passer à une vitesse supérieure pour se projeter dans le futur. La voie d’une plus grande intégration économique, fiscale et politique est manifestement en train de se dessiner. Et sans doute de s’imposer. A chacun d’en négocier les règles -de préférence dans le souci de l’intérêt général.

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