TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

samedi 23 juillet 2011

Grèce: les qualités d'un défaut

Ce qui était tabou ne l'est donc plus: pour la première fois un état de la zone euro pourrait, au moins provisoirement, être déclaré en état de «défaut partiel». Le prix, sous la pression des événements, d'une avancée vers une Europe plus fédérale.

Ainsi donc les chefs d'Etats européens ont-ils fini par faire taire leurs égoïsmes nationaux pour sauver la Grèce et du même coup l'euro. En tout cas, au moins provisoirement. Que peut-on retenir du nouveau psychodrame qui s'est joué à Bruxelles ? Que l'Europe vient d'aligner à nouveau 160 milliards après les 110 du premier plan décidés en mai de l'année dernière. Que d'ores et déjà -François Fillon l'a annoncé hier aux parlementaires de la majorité puis aux présidents des deux Assemblées- la solidarité avec les Grecs produira mécaniquement un surcroît de déficit de 15 milliards pour notre pays qui n'avait pourtant pas besoin de cela. Que Nicolas Sarkozy comme Angela Merkel ont fini par céder chacun un peu sur leurs propres exigences ou principes de départ pour parvenir à cet accord. Ainsi la France a-t-elle fini par accepter la condition réclamée par les Allemands d'une participation des banques, des assurances et des fonds de pension. De leur côté, les Allemands ont fait une grosse concession en acceptant que le Fonds européen de stabilité financière puisse racheter lui-même de la dette. Ce qui revient à mutualiser une partie de la dette grecque et signifie donc concrètement qu'une nouvelle fois l'Allemagne va devoir mettre la main au portefeuille. Ce qui était tabou pour Nicolas Sarkozy -sur la même ligne pour une fois que Jean-Claude Trichet, le sourcilleux patron de la BCE- ne l'est donc plus: pour la première fois un état de la zone euro pourrait, au moins provisoirement, être déclaré en état de «défaut partiel». Le président français a beau clamer comme le fait la chancelière allemande qu'il serait vain pour d'autres pays de la zone euro -on pense au Portugal, à l'Espagne et même à l'Italie- d'attendre qu'un tel «cadeau» se reproduise, pas sûr que les redoutables agences de notations soient aussi convaincues par la promesse... Sans doute les marchés le seront-ils bien plus par l'avancée qui, sous la pression des événements, vient d'être accomplie vers une Europe plus fédérale ou en tout cas plus décidée à adopter un socle minimal de politique économique commune. Ce n'est certes qu'un petit pas mais c'est peut-être le début d'une prise de conscience de la nécessité d'une meilleure harmonisation des politiques économiques, sociales et fiscales en Europe. Au niveau franco-français, on ne peut s'empêcher de souligner le sens politique dont a fait une nouvelle fois preuve Nicolas Sarkozy. Même si le coup de fil donné par un Obama très inquiet en début de semaine a sans doute été déterminant pour «attendrir» Angela Merkel et la pousser à faire de nouveaux sacrifices, Nicolas Sarkozy n'a pas non plus hésité à s'engager en forçant à son tour la porte de la chancellerie. Un forcing qui a déjà été récompensé par cet accord. Et dont le Président entend bien -sur le plan intérieur cette fois-ci- continuer à percevoir les intérêts.

0 commentaires: