TOUT EST DIT

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vendredi 22 juillet 2011

Des moyens enfin à la hauteur des enjeux

Les chefs d'État et de gouvernement et les hiérarques des institutions européennes, dont le président de la Banque centrale européenne, étaient attendus sur deux fronts et ils s'en sont manifestement bien sortis.

À voir le soulagement des marchés financiers, la remontée des Bourses européennes et la détente sur les taux d'intérêt des dettes souveraines dans tous les pays du Sud, les autorités européennes ont remporté une bataille. Les chefs d'État et de gouvernement et les hiérarques des institutions européennes, dont le président de la Banque centrale européenne, étaient attendus sur deux fronts et ils s'en sont manifestement bien sortis.
L'urgence était de consolider le financement de la Grèce au-delà des 110 milliards d'euros d'argent public promis en mai 2010 par l'Union européenne et le FMI, qui se sont révélés insuffisants. Mais il fallait également empêcher que l'incendie ne se propage au Portugal et à l'Irlande, d'ores et déjà sous perfusion de l'aide internationale publique, voire à l'Italie et à l'Espagne. Et au-delà de la crise des dettes souveraines, c'était la pérennité même de l'euro qui était sur la sellette.
La tension est retombée d'un cran sur ces différents fronts. «Plus que sa remontée vis-à-vis du dollar, guère significative en soi tellement le billet vert est fragilisé par la crise de la dette fédérale américaine, le fait que l'euro se soit ressaisi vis-à-vis du franc suisse constitue un gage de confiance. De même, il était essentiel que les taux à dix ans sur la dette espagnole redescendent en deçà de 6 %, un niveau insupportable», analyse François Chevallier, de la banque Leonardo.
Les marchés saluent avant tout un regain de crédibilité des décideurs européens. Après des mois de bisbilles, un compromis a pu être trouvé entre la BCE et les gouvernements, enfin mis d'accord pour définir leurs responsabilités respectives. Jean-Claude Trichet, le patron de la BCE, ne voulait pas entendre parler d'un défaut, même partiel, de la dette grecque. Il prétendait que cela devait déclencher inéluctablement un effet de domino, rendant alors impossible le refinancement des banques grecques auprès de la BCE. Il a fini par céder aux injonctions d'Angela Merkel, jugeant avec l'ensemble des économistes de la planète qu'Athènes était dans l'impossibilité pratique d'honorer ses échéances et qu'il était impératif d'alléger son fardeau.

La BCE se démarque des agences 

La BCE va devoir ravaler une certaine orthodoxie, ce qui consistera pour elle à se démarquer des critères des agences de notation. En revanche, Jean-Claude Trichet a obtenu une clarification des rôles : désormais, il reviendra exclusivement aux États européens eux-mêmes de porter secours aux gouvernements en difficulté à travers le Fonds européen de stabilité financière (FESF). Si les munitions de ce dernier, actuellement de 440 milliards d'euros, ne sont pas, semble-t-il, revues à la hausse, ses modes d'intervention sont renforcés : il prêtera à des taux moindres pour des durées plus longues (15 ans) et pourra racheter des titres sur le marché secondaire pour en soutenir le cours. Ce rôle «d'acheteur en dernier ressort», selon l'expression de Philippe Ithurbide, directeur de la recherche d'Amundi, la BCE l'avait assumé à partir de mai 2010 avant d'y renoncer en avril dernier. Dorénavant, il sera endossé par le FESF, autrement dit par les États qui le garantissent.
Cette force de frappe, aurait-il fallu la doubler ou la tripler ? «Il n'y aura pas de stratégie de 'choc et stupeur'», regrette Jonathan Loynes, le chef économiste Europe de Capital Economics. On voit là les limites de la stratégie mise en place à Bruxelles : les gouvernements de l'Euroland ne veulent pas donner trop de moyens à ce qui est l'amorce d'une institution financière fédérale. Tous ceux qui avaient espéré que le rendez-vous du 21 juillet 2011 permettrait de fédérer la dette européenne, comme l'avaient fait à New York en juin 1790 Jefferson, Hamilton et Madison pour les États-Unis, seront évidemment déçus. Ce sera pour une autre fois.

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