TOUT EST DIT

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mercredi 1 juin 2011

Opération mains propres?

Ça a commencé.

Le scandale DSK a été un détonateur et il faut s’attendre maintenant à des explosions en chaîne au rythme des bombes à retardement que le monde politique a soigneusement enfouies depuis des années. On a le sentiment que chaque jour qui commence apportera une affaire nouvelle. Comme si, d’un coup, l’heure était venue pour les hommes et les femmes de pouvoir de rendre des comptes sur leurs comportements. Comme si tous les sursis étaient épuisés et les indulgences habituelles supprimées. Moment troublant, atmosphère pesante: le climat politique est devenu étouffant. Avant même que ne commence une saison électorale décisive, le milieu politico-médiatique se trouve emporté presque malgré lui dans une grande opération de nettoyage dont personne ne sait où elle s’arrêtera. Sexe, fric, abus en tous genres: c’est le grand déballage.

Les Français, on le sait, n’aiment pas les petites réformettes, mais les révolutions. Une fois encore, ils récidivent dans cette radicalité. Après avoir toléré tant de dérives en coulisses au nom de la sacro-sainte vie privée, les voilà apparemment friands d’une transparence qui n’était pas dans le tempérament national. La diversification exponentielle des sources d’information, l’accélération de la diffusion des nouvelles -désormais presque en temps réel- et la peopolisation de la politique ont changé la nature de la vie publique, ses contraintes et son rythme. La pression sur ses acteurs ne se desserre plus. Malheur à celui, ou celle, qui se retrouve en position d’accusé. Il devra faire face à un rouleau compresseur qui ne lui laissera pas le loisir, ni le temps, de mettre en place de classiques stratégies de diversion aujourd’hui dépassées.

Après les cigares de Christian Blanc, l’aventure tunisienne de Mam, l’exécution en cinq jours de Georges Tron, nous avons eu droit hier aux nuits au palace de Gérard Longuet -cadeau de Ben Ali-, aux interventions présumées de Nadine Morano pour faire licencier une employée de grand magasin soupçonnée d’impolitesse à son égard et aux mauvaises rumeurs de ballets bleus lancées par un ancien membre du gouvernement Raffarin... Simultanément, le machisme du personnel politique français, imprégné d’une beaufitude consternante, est ouvertement dénoncé par des ministres et des parlementaires de toutes étiquettes. La guerre des sexes s’invite à son tour dans une campagne 2012 qui sera peut-être celle de tous les règlements de comptes.

Une certitude: un certain monde politique est en train de s’éteindre. Manifestement à bout de souffle. Est-ce une bonne nouvelle? Est-ce sain? Est-ce prometteur? C’est une autre question. Il ne faudrait pas que le courant d’air véhiculant tout à la fois un nouvel ordre moral, l’antiparlementarisme et la désespérance démocratique s’engouffre dans les fenêtres grandes ouvertes pour accueillir un souffle de renouveau.

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