TOUT EST DIT

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mercredi 22 juin 2011

Les limites politiques et militaires

Quelquefois les chiffres en disent plus long que tous les discours, surtout politiques. Ainsi, fin 2004, 8 000 soldats de l’ISAF, essentiellement issus des pays de l’OTAN, étaient déployés en Afghanistan pour pacifier et démocratiser ce pays. Question de mois, disait-on... Ils étaient 50 000 soldats à l’automne 2008. Et 140 000 au début de cette année, Américains aux trois quarts, auxquels il faut encore ajouter près de 18 000 hommes exclusivement sous commandement américain...

Inutile d’être grand stratège pour expliquer le gonflement des effectifs de l’OTAN (et ceux des candidats à l’Alliance atlantique) année après année: en Afghanistan, la situation est de plus en plus incontrôlable. Les « talibans » (terme générique qui regroupe une bonne dizaine d’organisations dont al-Qaïda et d’authentiques résistants à l’«occupation étrangère») sont aujourd’hui actifs dans environ 75 % du pays. Ce n’est pas tout: longtemps considérée comme une «marionnette» des Occidentaux, le président Karzaï s’en prend aujourd’hui ouvertement à ses protecteurs en dénonçant – souvent avec raison – les bombardements incontrôlés. Depuis longtemps, il a pris langue avec certains groupes «talibans». Quant au Pakistan lui-même en proie au terrorisme, pourtant officiellement meilleur soutien des États-Unis dans la région, il pratique un double langage, tantôt donnant refuge aux talibans et à al-Qaïda dans la «zone tribale», tantôt les combattant au gré des intérêts de ses services secrets, un État dans l’État...

Face à ce marasme, l’évidence s’impose: cette guerre est, sur le terrain politique, perdue pour les États-Unis et pour ses alliés. Encore faut-il savoir sortir du bourbier la tête haute. C’est ce que tentera de faire Barack Obama aujourd’hui dans un exercice qui ressemblera fort à son discours de «sortie d’Irak». À une différence près: toute l’OTAN est concernée par les événements d’Afghanistan. Et qui dit OTAN, dit aussi Europe. Même si dans le Vieux continent, et particulièrement en Allemagne, on se réjouira de ce désengagement à terme (bien qu’annoncé sous mille nuances politiques...), il marquera aussi une défaite idéologique. L’Occident qui voulait imposer ses valeurs jusqu’à délivrer les femmes afghanes de la burqa a échoué. Ailleurs dans le monde, on s’en souviendra...

Cette cruelle expérience ne doit surtout pas être répétée en Libye. Face au régime de Kadhafi, les Européens sont directement à la manœuvre, avec Français et Britanniques en tête devant les États-Unis de plus en plus en «réserve» militaire et politique. Or, malgré les rodomontades annonçant comme imminente la chute du dictateur libyen, ce conflit s’éternise. Il a déjà coûté plus de 100 millions d’euros en trois mois au contribuable français. Selon les amiraux, la capacité d’intervention du groupe aéronaval français atteint la limite de ses capacités techniques. L’«Air chief mar-shal» de la «Royal Air Force» et le «First sea lord» de la marine britannique ne disent pas autre chose. Et d’autres engagés sur le théâtre libyen comme les chasseurs danois rentrent chez eux après avoir épuisé toutes les munitions de leur armée de l’air...

Comment quitter le ciel de la Libye ? La solution militaire s’éloigne. Le jour des négociations, peut-être déjà engagées par les «démocrates» de Benghazi, approche. Cette fois-ci, ce sera aux Européens, surtout franco-britanniques, plus qu’aux Américains, de savoir s’y prendre à temps...

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