TOUT EST DIT

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mercredi 22 juin 2011

L'Europe à l'épreuve

Avec la crise financière de la Grèce, la construction européenne traverse une épreuve majeure, comparable à celles ¯ de nature très différente ¯ qu'elle a connues dans le passé : quand la France a refusé l'armée européenne dans les années 1950 ; ou quand nous avons fermé la porte de la Communauté aux Anglais, au temps du général de Gaulle.

Cette crise majeure frappe la Grèce. Et, derrière, d'autres pays de la zone euro : l'Irlande, le Portugal, l'Espagne, pour ne pas parler de l'Italie, voire de la France. La plus belle réussite de l'Europe dans le nouveau siècle, l'euro, serait menacée. Ce qui n'est pas rien.

À l'origine, il y a la crise mondiale née aux États-Unis en 2007, du fait d'un excès d'endettement chez les particuliers, à cause d'une politique monétaire laxiste de la Banque fédérale.

Pour faire face à cette crise, nous n'avons pas commis les mêmes erreurs que dans les années 1930 (assèchements monétaires et fermetures des frontières). Mais nous avons pris des risques en laissant s'effondrer de grandes banques (Lehman Brothers), et en endettant les États dans de trop grandes proportions. Le cas de la Grèce est éloquent : sa dette publique est passée, en cinq ans, de 100 % de la production nationale à 160 %, soit le double de la dette publique en France ou en Allemagne, où elle est déjà trop élevée.

Que se passe-t-il quand l'endettement public atteint de telles proportions ? Les taux d'intérêt explosent. En cinq ans, en Grèce, ils sont passés de moins de 4 % (à dix ans) à près de 18 %. Cela crée des tensions très fortes au sein de la zone euro, où la Grèce avait été admise alors qu'elle ne présentait pas les conditions requises, au prétexte que l'Europe n'était pas vraiment l'Europe sans les descendants d'Aristote et de Platon... On ne fait pas de la bonne politique seulement avec de bons sentiments.

Aujourd'hui, nous devons assumer cet héritage. Nous avons donc engagé une politique de solidarité avec la Grèce, non sans réticences de la part de certains pays comme l'Allemagne. En échange, nous avons demandé aux Grecs de mettre de l'ordre dans leurs affaires (notamment de réduire une fraude fiscale abyssale), ce qui les contraint à une austérité que l'opinion publique ne comprend pas : baisse des salaires, hausse des impôts, licenciements, chômage... Il en résulte de graves conflits sociaux et des crises politiques difficiles à conjurer.

Certains suggèrent de sortir la Grèce de la zone euro, ce qui lui permettrait de dévaluer sa monnaie. Cela provoquerait aussi une explosion du coût de la vie et du chômage supplémentaire, mais en invoquant la fatalité plus que les responsabilités politiques pour l'expliquer. En outre, le reste du monde s'interrogerait sur la suite des événements : d'autres pays de la zone seraient soupçonnés de faillite, avec un risque réel d'explosion de l'euro.

La solution la moins coûteuse (ce qui ne veut pas dire facile et sans frais) est d'accentuer la solidarité européenne et de mettre en place des autorités européennes dotées de davantage de pouvoirs pour agir plus vite et plus efficacement. Dans le passé, les crises de l'Europe ont souvent débouché sur une avancée de la construction européenne. À condition que quelques hommes d'État sachent en convaincre l'opinion et en soient convaincus eux-mêmes. Nous attendons de savoir si c'est le cas de Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et consort.

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