TOUT EST DIT

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mardi 24 mai 2011

Révoltes arabes : l'isolement d'Israël


Au Proche Orient, les aiguilles de l'horloge ont beau tourner, l'heure est toujours la même. Bloquée. Refus de dialogue. Confrontation. Déni d'existence. Violence. Humiliations. Depuis soixante-quatre ans, Israéliens et Palestiniens ne sont pas parvenus à s'entendre sur un partage équitable de la terre. Même lorsqu'ils furent à deux doigts de le faire, sous la présidence Clinton.

Pourtant, aussi immuable que puisse paraître ce statu quo, les bouleversements en cours dans le monde arabe viennent de changer les paramètres de cette confrontation israélo-palestinienne. Les équilibres de l'après 11-Septembre ont vécu, tout comme certaines alliances. Un compte à rebours vient même d'être lancé avec le projet de reconnaissance d'un État palestinien, en septembre prochain, par l'Assemblée générale des Nations unies.

Pas davantage que ses partenaires occidentaux, le gouvernement israélien n'avait vu venir la révolte des jeunes arabes et sa rapide diffusion. Il n'en a pas moins mesuré immédiatement ses répercussions potentielles, jugées généralement négatives pour la sécurité d'Israël.

Ainsi, l'allié égyptien, qui, sous Moubarak, cogérait le bouclage de Gaza, ne sera plus aussi bienveillant à l'égard d'Israël, quelle que soit l'issue de la transition. La déstabilisation du régime syrien, plaque tournante dans la région, irradie chez tous les voisins sensibles (Liban, Iran, Irak, Turquie). Elle vient de perturber jusqu'à la tranquillité (certes blindée) du Golan. Enfin, le rapprochement de circonstance entre les factions palestiniennes ennemies, le Hamas et le Fatah, prend Tel-Aviv à contre-pied.

La peur du vent démocratique

Si on ajoute la menace iranienne et le refroidissement des relations israélo-turques depuis plus de deux ans, on mesure l'isolement considérable, et croissant, d'Israël. Avec une bonne raison, évidente : l'impossibilité de négocier tant que le Hamas menace son existence. Mais aussi avec un paradoxe nouveau : Israël, qui s'est longtemps targué d'être la seule démocratie de la région, a peur du vent démocratique.

À l'heure où le concept d'autodétermination des peuples et des sociétés civiles reprend sens, les arguments sont rares pour s'opposer à la reconnaissance par l'Assemblée générale de l'Onu, en septembre, de l'État palestinien. C'est ce qui inquiète les Israéliens, qui redoutent une troisième intifada (dont on a peut-être vu les prémices le 15 mai aux frontières d'Israël), et les Américains, qui rechignent à utiliser un veto qui serait plus impopulaire que jamais.

Dans ses récents discours à l'occasion de la venue à Washington du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, Barack Obama a posé les conditions d'une reprise du dialogue. Il demande aux Palestiniens de renoncer à la procédure onusienne, d'accepter un État démilitarisé ; au Hamas de reconnaître Israël ; aux Israéliens de travailler à partir des frontières de 1967.

Netanyahou a paru s'en offusquer. En fait, cette base de travail n'a rien de scandaleux ni de vraiment nouveau. En affichant aussi publiquement ses désaccords, le Premier ministre israélien a surtout voulu rappeler à Obama les contraintes qu'impose sa réélection. Il le redira probablement aujourd'hui, devant le Congrès. Au risque de continuer à s'accrocher à un statu quo injuste, chimérique et dangereux.




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