TOUT EST DIT

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dimanche 1 mai 2011

Pourquoi ils détestent Hollande

Son premier meeting, mercredi soir, a agacé le camp DSK. En forme dans les sondages, le Corrézien s’attire depuis de longues années les foudres d’Aubry et Fabius. 

"C’est le petit stagiaire, ils lui faisaient porter le café et là il veut devenir patron, ça les rend fous!" Voilà, résumée de manière imagée, la situation par un des rares amis communs de François Hollande, DSK et Martine Aubry. Laurent Fabius l’a dit ouvertement aux étudiants de Sciences-Po Bordeaux qu’il rencontrait la semaine dernière: "Franchement, vous imaginez Hollande président de la République? On rêve." Hollande n’a jamais été ministre, il a dirigé le PS pendant dix ans, mais Dominique Strauss-Kahn, Martine Aubry et Laurent Fabius ne l’ont jamais pris pour leur égal, alors d’ici à l’imaginer à la tête de l’État, non vraiment, ils ne peuvent pas. Pour eux, Hollande est resté "ce type qui ne travaille pas, qui tape dans le dos des journalistes et qui n’a jamais été ministre", comme le résume un ancien des cabinets ministériels. Arnaud Montebourg avait surnommé François Hollande "Flanby" et même avec des kilos en moins, l’image lui colle à la peau chez de nombreux dirigeants socialistes. Revue de détail.

DSK le prend de haut
Les attaques notamment de Jean-Marie Le Guen et Jean-Christophe Cambadélis avant le meeting d’Hollande, DSK ne les a pas approuvées. Depuis, tous les strauss-kahniens à l’unisson les regrettent. En off, bien sûr, tant ils ne veulent pas énerver le patron, qui était à Paris toute la semaine, "c’était une connerie", "une faute de carre". "Ils sont violents parce qu’ils veulent qu’Hollande arrive en slip à la primaire ou qu’il se retire avant" décrypte un ami du Corrézien. Mais avant, que s’est-il passé entre DSK et Hollande? "Il n’y a pas de cadavre dans le placard avec François, moins qu’avec Martine ou Fabius", s’amuse un strauss-kahnien qui poursuit "François a toujours été un peu ironique avec Dominique, et Dominique a toujours estimé qu’ils ne boxaient pas dans la même catégorie". "Pas de lézard entre eux" , se souvient Jean Glavany. "Quand Dominique était ministre et François premier secrétaire et même avant à la fin des années 1990, il y a toujours eu de très bonnes relations publiques et privées entre eux" , raconte Jean-Pierre Jouyet, ami d’Hollande et ex-directeur de cabinet adjoint de Lionel Jospin à Matignon. Hollande adore le Parti, DSK ne s’est jamais intéressé aux fêtes de la rose. DSK se passionne pour les idées, Hollande nettement moins. Hollande qu’as-tu fait de ton intelligence? Voilà la question strauss- kahnienne par excellence. Pendant dix ans, Hollande dirige le PS avec DSK et ses amis. "Sa méthode, c’était à la va-comme-je-t’embrouille" , résume l’un deux. DSK et ses amis gardent en travers de la gorge la primaire de 2006, où Ségolène Royal a battu à plate couture DSK et Fabius. "DSK rentre alors dans le club de ceux qu’Hollande a roulés dans la farine" , estime un ancien ministre.

Aubry le juge "fainéant"
Ils ne s’aiment pas depuis des années. "C’est une menteuse, on ne peut pas lui faire confiance" , dit Hollande d’Aubry. "Arrêtez de dire qu’il travaille, François n’a jamais travaillé, il ne fout rien" , répète en écho Martine Aubry, fière d’avoir "remis le PS au travail" . Ils se côtoient depuis vingt ans, Hollande était à l’époque le premier des deloristes. Martine Aubry était une étoile montante de la politique. Mais ils n’ont jamais eu d’atomes crochus. Il adore les journalistes, elle ne les aime pas, elle se passionne pour la culture, lui s’en désintéresse. Entre eux plane aussi l’histoire de la législative de 2007. Aubry voulait changer de circonscription lilloise, elle pensait qu’Hollande la soutenait, lui dit qu’elle a échoué toute seule. Une première embrouille. La cristallisation de la détestation a lieu en 2008. Martine Aubry succède à François Hollande à la tête du PS. Elle est sidérée par l’état du Parti. Y compris les toilettes bouchées. "Je dois les réparer moi-même" , dira-t-elle. Et lui meurtri par les critiques. Hollande se tait, puis mène une guerre larvée contre Aubry, sur les listes aux européennes de 2009, le cumul des mandats, le calendrier des primaires, etc. Aujourd’hui, Aubry et Hollande se contrôlent et ne disent plus de mal l’un sur l’autre. En public.

Fabius le "prend pour un imbécile"
"Monsieur petites blagues", "fraise des bois", "opposition caoutchouc"… Laurent Fabius assume ses critiques à l’encontre de François Hollande. Leur inimitié culmine au moment du référendum européen (TCE) en 2004 et 2005. Hollande laissait croire aux fabiusiens qu’il soutiendrait leur champion à la présidentielle, puis se prononce pour le oui et organise un référendum interne sur le TCE. Fabius incarne le non, Hollande se bat pour le oui et finit par sortir l’ancien Premier ministre de la direction à l’été 2005 alors que les Français ont voté non à 55%. En juin 2002, Fabius souhaite prendre la tête du groupe PS à l’Assemblée, il pense avoir le soutien d’Hollande, qui soutient Ayrault, et dément avoir promis le poste à l’ex-Premier ministre. Explication côté Fabius: "Ce que n’aime pas Fabius chez Hollande, c’est le côté ficelle du mec, un homme de coups, la SFIO quoi." Ce "monsieur ni ni", ce "Guimauve le conquérant" moqué à l’époque du référendum par Guillaume Bachelay. Côté Hollande: "Fabius le prend pour un imbécile, François ne l’aime pas, ne fait aucun effort."

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