TOUT EST DIT

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mardi 17 mai 2011

Pour les militants PS, "une douche froide"

Après l'arrestation, samedi 14 mai à New York, de Dominique Strauss-Kahn, Le Monde.fr a proposé aux militants socialistes de faire part de leurs réactions. Pour certains, le doute l'emporte aujourd'hui sur la stupeur. D'autres estiment qu'il faut au plus vite tourner la page DSK.

  • "La stupeur" puis "le doute", par Paul, militant PS depuis 1971
"Le saisissement, la stupeur, l'effarement : voilà comment mon épouse et moi avons réagi. Dès dimanche matin, nous avons pensé à une erreur, à une mauvaise interprétation. Puis quand la machine judiciaire s'est mise en marche, nous avons pensé à une manipulation. C'est aussi ce à quoi ont pensé plusieurs militants que nous avons eus par téléphone, par mail, au café. On avait besoin d'en parler, de regarder ensemble.
J'étais devant Twitter pour la première fois hier, à la recherche d'information, d'alibis potentiels comme pour essayer de raccorcher sa candidature aux branches. Une manipulation, un complot sont revenus sans cesse. Au niveau local, dans le département très à droite dans lequel nous vivons, nous avons eu fréquemment des candidats ou des militants 'tués' par des sorties d'archives ou de vieilles casseroles, ou par des rumeurs (adultère, homosexualité, fils drogué, etc...). Impossible de ne pas faire le rapprochement.
Mais depuis, devant la puissance de la machine judiciaire, le fait que DSK soit traité comme un criminel et son transfert à la prison de Rikers, le doute s'insinue. Pourtant, DSK garde toute mon estime et ma confiance. Mais je sais que peu à peu, ses soutiens le quitteront.  Quant au PS, avec 110 000 adhérents et plusieurs milliers d'élus, et 200 ou 300 parlementaires, il reste en parfait état de marche. Ce n'est pas parce que le général meurt que l'armée cesse d'avancer et que l'état-major se rend. 2012 peut être gagné."
  • "Tournons la page au plus vite", par Madjid B.
"Le sort du PS et de l'élection de 2012 est plus important que l'affaire DSK. Que les amis du patron du FMI soient sous le choc est compréhensible mais ils doivent comprendre que les militants qui ne connaissent cet homme que de loin ont une réaction un peu plus 'égoïste' pour le PS. Nous devons vite tourner cette page car innocent ou coupable, DSK est hors jeu pour les primaires et cela, il faut vite l'intégrer au sommet du parti.
Il faut en priorité arrêter le spectacle de pleureur-se et préparer au plus vite la prochaine séquence. Il faut également démontrer que les primaires, même sans DSK, sont un formidable outil démocratique au service des militants, de la gauche et des Français. Encore une fois, tournons la page au plus vite… même si l'encre n'est pas sèche !"
  • "La douche froide", par Fanny P.
"J'ai été reveillé à deux heures du matin, on m'a informé de ce qui se déroulait sur Twitter. Mes premiers commentaires ont été : 'Impossible, il doit faire attention, il se sait surveillé...' Pendant plus d'une heure, je lisais les commentaires sur le flux et j'étais choqué.
Le lendemain matin, j'ai espéré croire à un cauchemar. Je me suis donc orientée vers les chaînes info. Et non, tout est vrai. C'est une surprise. Le jour même, nous sommes plusieurs à nous contacter. On échange, on n'en revient pas, on attend les informations et désinformations en espérant toujours que demain sera meilleur. Nous échangeons avec un parlementaire, comme pour nous rassurer, proche de son réseau et qui n'y croit pas.
Et puis voilà, le lendemain matin c'est la douche froide lorsque l'on découvre ces images à la sortie du commissariat puis au tribunal. A ce moment, je me suis pris la tête dans les mains, abattue. Il faudra digérer cela et arriver à faire la part des choses. Il s'agit d'une affaire personnelle qui met en cause un individu certes illustre, mais un individu au sein d'un parti. Ce n'est pas le Parti socialiste qui est concerné par cette affaire de mœurs, c'est un homme.
Demain, il y aura d'autres candidats, un même projet.  Une chose est certaine : le calendrier choisi est finalement un atout aujourd'hui. Je veux croire en la responsabilité de chacun et en la mise en valeur d'un leader légitime. Le chef du parti doit prendre ses responsabilités."
  • "Le troisième échec de ma vie militante", par Laurent B., militant socialiste
"Jeune engagé soutenant DSK dans la course à la primaire, cette nouvelle a retenti comme une bombe lorsque je l'ai apprise à deux heures du matin, m'apprêtant à aller me coucher. Assommé, je n'ai pu me relever pendant quelques minutes. Vérifiant tour à tour Twitter et mes mails, j'attendais des nouvelles de mon réseau politique pour savoir si les informations allaient être corroborés et plus précises.
Ce n'est seulement qu'à mon réveil que j'ai réalisé l'ampleur de la nouvelle. Mon réseau politique, endeuillé, ne voulait pas y croire et espérait de tout cœur se réveiller d'une minute à l'autre. Pour ma part, jeune engagé sortant à peine de la vie étudiante, cette nouvelle m'a fait le même effet que l'échec en 2007 ou bien le raz-de-marée de 2002. Il s'agit de la troisième défaite de ma vie militante.
Prostré pendant quarante-huit heures, ressassant l'ensemble des éléments dans mon esprit morose, assistant tristement au déchaînement de violence médiatique, je n'espérais qu'une seule chose : que la vérité soit faite sur cette affaire.
Hier soir, finalement, nous avons eu une réunion de courant. Je misais tout sur son effet cathartique. En effet, il fallait que j'en parle avec des gens informés et engagés. Les dernières discussions n'étant pas à la hauteur de mes espérances. Le constat fait, nous nous sommes laissés un délai pour entrevoir la suite des événements et pour décider quelle direction notre courant politique allait prendre après que sa tête fut coupée."
  • "Dominique, c'est le début de ma vie politique", par Lori H.
"C'est avec effroi et stupeur que j'appris, dimanche matin, l'inculpation de DSK. Dominique, c'est le début de ma vie politique, c'est celui qui, de par sa voix, sa stature, son réformisme, son expérience, sa compétence, m'a fait comprendre que les mots de Jaurès n'étaient pas vains : 'Partir du réel pour accéder à l'idéal.' Après deux années de militantisme dans un syndicat lycéen, et après deux années de mandat au Conseil national de la vie lycéenne, j'ai pris ma carte au MJS [Mouvement des jeunes socialistes] puis au PS en janvier 2010.
De longs mois d'attente et de préparation, avant même mon entrée au PS, paraissent dès lors anéantis, et je pense qu'à 19 ans, j'ai pris ma plus belle claque politique, que je ne souhaite à personne d'autre. Hormis le côté politique de l'évènement, je suis outré et stupéfait quant à l'humiliation publique qui lui est faite, cette manière de le jeter dans la fosse au lion, comme s'il était l'ennemi public numéro un et d'ores et déjà coupable. La violence de certains propos n'altère en aucun cas ma motivation pour préparer l'alternance, même si on peut facilement succomber à l'indifférence politique. Ce sont les personnes qui n'ont pas réussi à faire tomber DSK avec des arguments politiques qui s'acharnent d'une façon abominable sur sa personne, avant même qu'il soit jugé. S'il est coupable, justice sera faite. S'il est innocent, certains devront rendre des comptes. La social-démocratie a peut-être perdu un général, mais elle n'a pas perdu la guerre."
  • "La malédiction de la deuxième gauche", par Xavier G.
"En apprenant la nouvelle, j'ai eu l'impression que le ciel me tombait sur la tête. Ça a été un peu comme le 21 avril, en plus matinal. Je ne suis pas une groupie de DSK, mais il était évident qu'il était notre meilleure chance de gagner en 2012. J'ai eu beaucoup de militants de ma section au téléphone toute la journée de dimanche. On était tous KO debout.
Je commence à penser qu'il y a une malédiction présidentielle qui s'est abattue sur la deuxième gauche. Mendès-France ne voulait pas reconnaître la légitimité du présidentialisme gaulliste en se portant candidat, Rocard a été crucifié par Mitterrand, Delors n'a pas voulu y aller alors qu'il avait course gagnée. Et au moment où on pensait qu'un véritable social-démocrate pouvait enfin accéder à l'Elysée, il sort cette histoire surréaliste.
Sur le fond de l'affaire, je ne sais pas quoi penser. Les faits tels qu'ils sont décrits par l'accusation paraissent incroyables et malgré tout, c'est tout à l'honneur d'une démocratie de donner du crédit aux accusations d'une femme de chambre contre l'un des hommes les plus puissants de la planète. Mais j'ai trouvé indigne de jeter en patûre délibérément aux médias les images de DSK menotté. Il y avait un côté lynchage vraiment abject. S'il est coupable, il mérite d'aller en prison et d'indemniser grassement la victime, pas d'être humilié de la sorte aux yeux du monde et de sa famille. Et s'il est innocenté, ces images le poursuivront à vie."
  • "Il faut surmonter cette phase de deuil et regrouper le parti !", par Fabien
"J'ai oscillé entre colère et perplexité depuis dimanche, ne parvenant pas à comprendre comment un homme si brillant pouvait tomber si bas. Mon sentiment profond, ce jour-là, est que cet évènement constitue un acte manqué, une forme semi-consciente de suicide politique, d'un homme à qui on avait tracé un destin qu'il ne voulait pas faire sien.
Entendons-nous, je n'ai jamais été 'strauss-kahnien' et si je considérais aisément qu'il était le meilleur 'présidentiable' socialiste, j'étais convaincu qu'il n'était pas, et de loin, le meilleur 'candidat', tant son manque d'envie était criant, et ses casseroles nombreuses et connues. Dans une ultime et tragique déflagration, DSK a mis fin à sa carrière politique et a dit 'merde' à tous ses partisans, qui avaient déjà élaboré, sur l'autel de sa popularité, le futur gouvernement socialiste et la répartition des plus hautes fonctions de l'État ! La 'strauss-kahnie' constitue presque, depuis 2006, un parti autonome au sein du PS et il est aujourd'hui positif de considérer que cette situation va se résorber !
S'il a été bouleversant pour l'ensemble des socialistes d'assister, avec des images aussi terribles, à la déchéance de l'un des nôtres, il faut surmonter rapidement cette phase de deuil et regrouper le parti !
Je pense que cet événement est un mal pour un bien, assez traumatisant pour que les campagnes des primaires et présidentielles ne descendent pas sous la ceinture et pour que l'unité de la gauche prévale !"
  • "L'effroi puis le soulagement", par Evelyne
"C'est terrible à dire mais, après l'effroi vient comme un soulagement face à cette explosion en vol. Pour de multiples raisons, je n'aurais pas voté DSK à la primaire. Et bien que les sondages le mettent encore largement en tête, je pense que sa popularité se serait dégonflée rapidement dès lors qu'il se serait déclaré (Soit il campait sur ses positions et se coupait des catégories populaires, soit il revenait à gauche et ouvrait un boulevard au centre).
Surtout, comme on le voit à peine quarante-huit heures après l'affaire, d'autres histoires font déjà surface : la campagne présidentielle est un combat rude et ces choses compromettantes auraient, de toute façon, vu le jour. Dès lors, on peut se dire que ce 'coup de tonnerre' intervient au bon moment, alors que le parti a décidé de maintenir la primaire. La vraie catastrophe aurait été que tout cela arrive après la désignation de DSK (qui, jusqu'à maintenant, me paraissait inévitable). A cinq mois de la primaire, et bien que ce soit un coup dur, il reste du temps aux autres candidatures (notamment celles de François Hollande et de Ségolène Royal, qui se sont déjà déclarés depuis longtemps et ne donneront pas l'impression de 'profiter' de la disqualification du favori) de mûrir, en espérant que l'affaire DSK se résolve rapidement pour éviter que son ombre ne plane sur l'ensemble des débats."
  • "Je suis fidèle à cet homme depuis tant d'années que je ne peux y croire", par Damien
"8 h 23, dimanche 15 mai, mes yeux s'ouvrent, j'ai mal dormi, je sens encore la fatigue s'abattre sur mon épaule. Je regarde mon téléphone, et une amie a mis en ligne un article relatant l'arrestation de DSK. Mon esprit est encore flou, peu réactif, je ne saisis pas bien ce qu il se passe. Je me rendors.
10 h 20, je me reveille de nouveau, la fatigue s'est dissipée et un étrange sentiment m'habite. DSK, pourquoi je pense à lui à mon réveil ? Oui, je suis strauss-kahnien depuis six ou sept. Oui, je suis sûr qu'avec lui, le PS peut enfin remporter et va remporter les élections de 2012 et qu'enfin, les idées auxquelles j'adhère gouverneront mon pays. Oui, mais pourquoi je pense à lui, dès mon réveil ? L'article que j'ai lu entre conscience et inconscience ressurgit. La réalité, la fiction, je ne sais plus.
J'allume la radio et j'entends immédiatement parler de l'affaire DSK. J'ai beau me pincer, je ne rêve pas. Et depuis deux jours, j'espere toujours me réveiller. Je cherche toutes les incohérences de l'accusation, j'attends la version de DSK. Je ne peux y croire, je suis  fidèle à cet homme depuis tant d'années que je ne peux y croire. Et j'espère que les experts, que le jury et que la justice américaine me réveilleront de mon cauchemar."
  • "Les militants sont moins unanimes que la tête du PS", par H.C.
"Je suis secrétaire de section et voici ce que j'observe : les strauss-kahniens sont largement dépités, blessés. Ils se sont sentis trahis au début et espèrent à présent que tout ceci n'est qu'une erreur judiciaire ou une machination. Nombre d'entre eux ont consacré beaucoup de temps à préparer le retour de DSK ces quatre dernières années et 's'y voyaient déjà'.
Les autres, à l'inverse, ont souvent été heureux de la nouvelle. Ceux qui ne voyaient pas en Strauss-Kahn une chance pour le PS et pour 2012 pensent maintenant que la présidentielle est acquise.
La fracture entre strauss-kahniens et les autres cristallise maintenant le débat sur la décence, la curée, la présomption d'innocence, etc. Les militants sont moins unanimes que la tête du PS. Certains appellent à soutenir en masse DSK et alimentent les théories du complot. Les autres ne trouvent pas normal qu'on réclame pour lui 'une justice à deux vitesses' et qu'on n'adresse pas un mot de soutien à la présumée victime.
Aucun militant n'est en revanche pessimiste sur 2012. Beaucoup remettent en cause le concept 'd'homme providentiel' et se rabattent sur le projet ainsi que sur Martine Aubry ou François Hollande. Certains espèrent maintenant des alliances hétéroclites ou des candidatures nouvelles : Aubry-Royal, ou la candidature de Delanoë."
  • "Scandalisé par la manière d'agir de la police new-yorkaise", par Jean-Claude R., ancien militant
"Retraité de la fonction publique et ancien militant socialiste, j'ai appris la nouvelle de 'l'affaire DSK' très tôt dans la matinée de dimanche et j'ai suivi les communiqués heure par heure jusqu'au dégoût, en fin de journée, lundi 16, à l'annonce de l'incarcération de Dominique Strauss-Kahn. Mon opinion est faite aujourd'hui quoique qu'il advienne de la culpabilité ou de la non-culpabilité de l'individu mis en cause : la justice américaine vise sans objectivité un ressortissant français, nous assistons encore une fois à l'autoritarisme d'un Etat fédéral prétendûment démocrate et qui manifeste ainsi son attachement au libéralisme économique en défendant, au mépris des autres Etats, notamment européens, son principe de souveraineté.
Dans cette affaire, ce sont, d'une part le FMI et d'autre part la France qui sont visés. Par ailleurs, humainement, je suis scandalisé par la manière d'agir de la police new-yorkaise mais que peut-on attendre d'un pays qui détient encore dans les prisons de ses Etats 3 500 condamnés à mort ?"
  • "Les dirigeants du PS doivent rester unis", par Gérard R., militant socialiste
"Le parti auquel j'ai adhéré pendant plusieurs décennies n'est pas responsable des actes hors politique de ses membres. Certes, la justice américaine n'est pas tendre envers les présumés coupables et DSK connaît bien l'esprit américain pour séjourner régulièrement sur ce territoire. Je ne le juge pas, les enquêtes détermineront, s'il y a lieu, le degré de culpabilité.
Les hauts responsables du Parti socialiste doivent rester, malgré le trouble créé, unis. Dans la mesure où DSK n'avait pas encore fait acte de candidature, nous devons poursuivre le chemin qui est celui d'un parti responsable et ambitieux. Présentons un programme, améliorons sa compréhension. Soyons simplement francs avec nous-mêmes et les électeurs. Il y a aujourd'hui plusieurs prétendants à la candidature. Prenons le temps qui nous est offert pour apprendre à les connaître mieux, exprimons notre choix et gagnons les élections avec celle ou celui qui sera reconnu(e) comme la-(e) mieux à même de prendre la direction de notre pays."

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