TOUT EST DIT

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jeudi 19 mai 2011

Fossés franco-américains

Dominique Strauss-Kahn menotté. Les images ont choqué en France. Pas aux États-Unis, où la compassion n’est pas, comme de ce côté de l’Atlantique, pour le directeur général du FMI mais pour la femme de chambre qui l’accuse d’agression sexuelle et de tentative de viol. Le cas DSK est révélateur de nombreux fossés entre l’Amérique et nous…

Fossé judiciaire : là-bas, les célébrités ne sont pas traitées avec plus de mansuétude que les citoyens ordinaires ; elles le sont même plus durement quand on leur impute des délits, des crimes ou tout simplement des écarts sexuels. Souvenons-nous de l’affaire Clinton !

Les Français sont les premiers à se plaindre d’une justice à deux vitesses, sévère avec les pauvres, tendre avec les puissants. Étrangement, c’est le VIP qui touche leur cœur quand il est arrêté sur des charges pourtant très lourdes. Dominique Strauss-Kahn est présumé innocent, pas plus, ni moins, que la jeune femme qui affirme avoir été agressée. Faut-il la passer par pertes et profits sous prétexte que le FMI perd un patron irremplaçable (tout le monde l’est) et que le PS est privé de son champion ?

Fossé politique : la police et la justice américaine seraient-elles à ce point incompétentes qu’elles sauteraient à pieds joints dans le piège d’un prétendu « complot international » ? Les séries américaines sont très prisées en France. À la télévision elles font passer de bons moments. Quand elles deviennent réalité, et quand, de surcroît, le rôle principal, mais peu glorieux, est tenu par un Français, elles scandalisent ou inquiètent.

Fossé culturel enfin : pays latin, la France s’arc-boute sur le tabou de la vie privée, tout en considérant avec indulgence – et d’un œil grivois — les frasques de ses dirigeants. Comme si les « exploits plumardiers » de la France d’en haut rejaillissaient sur l’ensemble de ses mâles. Les Anglo-Saxons, eux, sont à la fois prudes et inquisiteurs. Ils prônent la morale par l’exemple. C’est hypocrite ? Sans doute. Chez nous on préfère le cynisme, voire le sexisme. Les deux visions sont irréductiblement antagonistes.

Qui a raison ? Qui a tort ? En l’espèce, la réponse n’est pas subjective, mais dépend des résultats de l’enquête et du procès qui visent Dominique Strauss-Kahn. De quelque côté des fossés franco-américains que l’on se place, il n’y a qu’une solution, c’est de laisser la justice suivre son cours.

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