vendredi 8 avril 2011
Bob Dylan, le rebelle expurgé
Doit-on lui tresser des lauriers, saluer le courage d’un fier engagement ? Certaines gazettes s’y emploient déjà. Mercredi soir, Bob Dylan a donné un concert historique dans un stade de Pékin. L’icône de la contestation soixante-huitarde ose donc défier l’immense dictature. Sous les assauts de ses couplets libertaires, la Grande Muraille ne va pas tarder à s’écrouler. Jadis, à Jéricho, quelques trompettes avaient bien suffi.
C’est beau comme une image d’Épinal. Que la passive jeunesse du XXI e siècle en prenne de la graine, le septuagénaire à l’harmonica leur montre la voie.
Sauf que, vue de près, l’affaire ressemble plutôt à un banal business. Le prix du billet, pour 1 h 30 de spectacle, approche le salaire mensuel moyen du pays. À ce tarif, seuls les mandarins disposent d’un siège.
Surtout, la légende du rock accepte les exigences de la censure chinoise. Docile, le Bob, pas dissident du tout. Il remet dans sa guitare les hymnes protestataires et promet de s’en tenir au “programme approuvé”. La liberté a des limites, quand même. Pas question d’interpréter “les Temps changent”, par exemple, ni de s’adresser directement au public.
Dylan envoie son bouquet d’airs folks inoffensifs, passe à la caisse et rentre à l’hôtel. Et cela suffirait à lui assurer un surplus de gloire ? Allez, avec un trublion pareil, les maîtres de la Chine peuvent dormir tranquilles. La prochaine fois, ne reculant devant aucune audace, ils inviteront Marcel Amont.
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