TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

samedi 2 octobre 2010

Social-démocratie contre socialisme anachronique : leçon de fair-play

La guerre des Atrides n'aura pas lieu. Les frères ennemis du Parti travailliste anglais ne se déchireront plus. Du moins pour le moment. Dans un geste d'une rare élégance, David Miliband, 45 ans, ancien ministre des Affaires étrangères, battu d'un petit point par son frère Ed, 40 ans, pour la direction du Labour, a décidé de jeter l'éponge. Il se retire du shadow cabinet afin de ne pas gêner son cadet par sa seule présence dans le gouvernement fantôme et les instances dirigeantes du parti.

Il faut dire qu'Ed et David ont beau être les fils d'un intellectuel marxiste, espèce assez rare au Royaume-Uni, le premier a incontestablement mieux assimilé les idées de son père au point d'avoir été surnommé par la presse "Ed le rouge". D'ailleurs, les seuls discours prononcés par l'un et l'autre depuis le résultat-surprise de l'élection au Parti travailliste, le 25 septembre, sont, sur ce point, révélateurs : David Miliband y a évoqué les défis qui attendaient son parti maintenant qu'il est dans l'opposition, tandis qu'Ed consacrait son allocution à faire un réquisitoire en règle de la politique économique du gouvernement de Gordon Brown... auquel appartenait David. Ambiance !

Recentrage

Cela fait des années que les deux frères manifestent ouvertement leur désaccord. Gauche anachronique d'avant Margaret Thatcher ou nouvelle gauche à la Tony Blair. Mais leurs différends étaient plus facilement gérables quand le Labour était au pouvoir. Et que David était sur le devant de la scène. Lui qui a toujours été jugé le plus brillant et le plus innovateur des deux, même par leur père, l'idéologue marxiste. Lui qui était le favori des sondages pour prendre le parti et n'a été battu dans un scrutin à trois collèges électoraux que par le vote des syndicats, alors que militants et députés avaient voté majoritairement pour lui.

Au fond, en acceptant de quitter le devant de la scène alors que personne ne l'y obligeait, David Miliband va peut-être permettre à Ed de faire plus facilement un recentrage qui paraît indispensable pour l'avenir de son parti, s'il ne veut pas, dans une Europe où la gauche est devenue partout ou presque sociale-démocrate, retomber dans les errements des gouvernements travaillistes des années 1970, style Wilson et Callaghan, ou dans ceux de certains archaïques du Parti socialiste français, style Henri Emmanuelli ou Benoît Hamon.

0 commentaires: