TOUT EST DIT

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samedi 2 octobre 2010

La France des droits de l'homme a des exigences et nous oblige

Ainsi, le gouvernement français n'est pas un gouvernement fasciste. Le président de la République n'est pas un raciste endurci. La politique française concernant les étrangers n'a rien à voir avec les sinistres pratiques des nazis lors de la Seconde Guerre mondiale, comme les avaient évoquées quelques personnes dont Viviane Reding, commissaire européenne à la Justice, aux Droits fondamentaux et à la Citoyenneté. Cette dernière avait notamment déclaré, à propos du traitement des Roms par le gouvernement français : « Je pensais que l'Europe ne serait plus le témoin de ce genre de situation après la Seconde Guerre mondiale. »

Aujourd'hui, la Commission fait marche arrière et abandonne l'accusation de discrimination. C'est le moins qu'elle pouvait faire si l'on regarde la manière dont la France se comporte avec les demandeurs d'asile et les ressortissants étrangers. Ainsi, notre pays donne la nationalité française à 140 000 étrangers par an, en moyenne, depuis dix ans, rappelle Michel Godet dans Le Figaro (1).

« La France est globalement parmi les premiers pays d'accueil pour les demandeurs d'asile. La durée de rétention y est aussi la plus courte d'Europe. Le nombre des expulsions n'est pas non plus très élevé », écrit, dans Le Monde, le chef de la division des migrations internationales de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), Jean-Pierre Garson (2). Il ajoute qu'en ces domaines, « comparée à d'autres pays, la France n'a pas à avoir honte ».

Malgré les escalades verbales de ces dernières semaines et les outrances diverses, nous éprouvions bien ce sentiment que la France restait le pays des droits de l'homme et ne méritait pas toutes ces comparaisons insultantes.

Cependant, nous devons nous demander pourquoi notre pays a-t-il pu faire l'objet d'autant de critiques acerbes et d'accusations. Sans doute, d'abord, parce que la France a la belle réputation d'être le pays de la liberté par excellence. Cela lui impose d'être irréprochable sur ces questions.

Refusertoute discrimination

Or, soyons lucides et reconnaissons humblement nos erreurs et nos errements : paroles outrancières ; expulsions, peut-être légales, peut-être nécessaires, mais qui, hélas, donnent trop souvent lieu à des brutalités inadmissibles ; circulaire stigmatisant un groupe humain ; décision inappropriée (pour le moins) que de placer, par exemple, à Metz, en centre de rétention administratif, un bébé de sept mois né en France accompagné, certes, de ses parents en situation irrégulière depuis 2009.

Saisi, le juge des libertés a estimé que les conditions de vie dans le centre étaient, pour le nourrisson, contraires à l'article 3 de la Convention européenne des droits de l'homme (traitements inhumains et dégradants). Toute la famille a, dès lors, été remise en liberté.

Mais voilà qu'une nouvelle évolution législative, désastreuse pour notre image et plus encore blessante à notre endroit, car contraire à notre conception de l'égalité, est adoptée par le Parlement. On pourra désormais dénaturaliser certains Français coupables de certains crimes. Nul n'approuve l'agression contre les représentants de l'État français, mais la faute est aussi grave, qu'elle soit commise par un Français naturalisé ou non.

Avec cette loi, nous discriminons et nous allons à l'encontre de la Constitution qui, dans son article premier, « assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion ». Pierre Méhaignerie, président de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales à l'Assemblée nationale, qui a voté contre, ne s'y est pas trompé en estimant que « ce n'est pas un signe positif... Il y a risque d'être confronté à un problème constitutionnel ».

Peut-être nous faut-il être plus exigeants envers les personnes qui souhaitent devenir françaises par naturalisation. Mais lorsque celle-ci a eu lieu, considérons vraiment ce nouveau Français comme un Français à part entière et non comme un Français à part !

Nous savons combien ces questions d'immigration sont délicates. Raison de plus pour les traiter avec délicatesse, d'autant plus que nous ne sommes qu'au début d'une période où, d'une part, les migrants seront plus nombreux et, d'autre part, ils seront plus nécessaires à nos pays vieillissants.

(1) Le Figaro, 29/09/2010.

(2) Le Monde, 29/09/2010.

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