TOUT EST DIT

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samedi 2 octobre 2010

Ah ! Les beaux châssis?


Tout juste après la guerre on allait au bal à pied, quelquefois à vélo. C'était au village d'à côté, quelques kilomètres seulement. Les filles portaient des robes serrées à la taille, qui tournoyaient quand l'accordéon jouait Le dénicheur. Au petit matin, on les raccompagnait comme on était venu, à pied, ou le vélo à la main tenu par la potence du guidon avec ce rien de désinvolture qui faisait contenance. C'est ainsi que dans ces années de fureur de vivre, bien des enfants du baby-boom ont été conçus sous les chênes de nos campagnes enfin paisibles. La génération d'après doit plus à la voiture qu'au romantisme des feuilles à l'envers. La voiture, cette bulle qui nous protégeait du monde, qui incarnait notre liberté et le bouillonnement de nos libérations soixante-huitardes et enfumées.

Passent les années, coulent les modes, près de l'île Seguin glisse la Seine et la charge psy de la sacro-sainte bagnole est toujours aussi forte. Les valeurs se sont déplacées et les bilans carbone ont remplacé les pleins pour trois fois rien. La fée électricité est devenue tendance, elle envahit les magazines et les concepts de la pop voiture en projetant dans nos imaginations disponibles les images du futur. Encore objet de nos passions, la voiture est un concentré de technologies pointues et de recherche appliquée qui préparent les évolutions de notre quotidien le plus utilitaire.

Balance commerciale, emploi, compétitivité : la santé de nos grands constructeurs est un tel levier pour notre économie que l'on pourrait presque dire que quand l'automobile va, tout va. Aide à la conduite, GPS, radars, airbags, systèmes de freinage, pneus, roues, le progrès s'incarne dans nos voitures.

Mais l'automobile est aussi le produit d'une certaine vision de la société. Notre idolâtrie de l'individualisme et notre incapacité récurrente à concevoir des transports publics adaptés au nouvel espace urbain nous condamnent à la voiture. Repenser l'urbanisme et les mobilités ne fera pas disparaître le besoin d'automobile. Mais de cette réflexion entre passion et révolution peut venir le signal d'une rupture durable et la conviction que les moyens de déplacement collectifs sont l'avenir de la voiture.

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