TOUT EST DIT

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dimanche 19 septembre 2010

Patriotisme

Quelle fierté d’être de la France, protectrice des Roms, quand on entend Pierre Lellouche appeler à la mobilisation continentale pour qu’on intègre les Gitans de tous les pays, qu’on leur donne des écoles et que leurs enfants ne mendient plus dans la rue! On voudrait juste rire devant tant de gâchis, quand ces propos ne servent qu’à conjurer nos fautes et notre isolement…

Le plus étonnant, dans le sarkozysme, c’est sa capacité à se faire expulser du champ de la raison. La France ne fait pas pire que ses voisins quand on en vient aux Roms. L’Allemagne réexpédie au Kosovo des Gitans par milliers, transformant des ados allemands en apatrides, et l’Union européenne, qui s’inquiète de nos transgressions, n’y trouve rien à redire: contrairement aux Roumains, les Roms kosovars ne sont pas ressortissants de l’Union, ce cercle autosatisfait qui réserve ses principes aux siens.

Cette hypocrisie aurait été un beau dossier pour une France digne d’elle-même si le pouvoir n’avait pas commencé à brimer les Roms par stratégie préélectorale. Notre vaine brutalité nous interdit de parole. Le drame de Bruxelles en est le dernier exemple. La France bouscule les uns, manipule les autres, elle biaise, elle tance et en est détestée. Le démenti infligé par l’Allemagne après que Nicolas Sarkozy a cité Angela Merkel à tort et sans sa permision, exposant une alliée au mépris de tous les usages, est une apothéose.

Nous voilà donc, pour l’opinion mondiale, bourreaux des Roms, accusés par l’Europe, fâchés avec Barroso, des menteurs pour Merkel… Et le vétéran européen Juncker, qui n’a pas digéré le renvoi de Mme Reding à ses origines luxembourgeoises, a qualifié Nicolas Sarkozy d’un "pas convenable", qui vaut exclusion du club des gouvernants.

La France va-t-elle suivre son Président dans sa guerre contre le monde entier? Nous voici soumis à la propagande d’un pouvoir qui s’abrite derrière le drapeau pour se couvrir. On nous raconte une histoire de pays insulté, et l’étranger seul est coupable. La France, la France seule, calfeutrée dans son irréalité… On cherche de l’indulgence, dans les souvenirs de 2007, quand un idéaliste enthousiasmant, bâtard culturel, fils d’étranger, promettait de rendre son pays au monde. On trouve juste du regret, tant chaque jour nourrit sa peine.

Nicolas Sarkozy a décidé d’introduire des jurés populaires dans les tribunaux correctionnels. Brice Hortefeux, ami et démultiplicateur du Président, embraie en voulant faire élire juges d’applications des peines et présidents de tribunaux. Derrière cette campagne, l’idée que le peuple est sécuritaire quand les magistrats sont permissifs, et qu’il vaut mieux organiser les vendettas légales des jurys populaires que subir le laxisme des juges. Il y a des contre-exemples à cette théorie: à Draguignan, des jurés ont acquitté un gendarme qui avait tiré sept fois sur un homme désarmé et entravé, qui s’enfuyait d’une garde à vue. C’était légal, nous dit-on. Le gendarme a été acquitté, le fuyard est mort. C’était un Gitan. C’est notre pays.


Claude Askolovitch

JE NE SUIS PAS D'ACCORD AVEC TOUT CE QU'IL DIT, MAIS CET EDITO DOIT ÊTRE LU.

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