TOUT EST DIT

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dimanche 29 août 2010

Les rendez-vous culturels de la rentrée

On peut avancer le pronostic sans risque : l'automne des expositions sera dominé par Claude Monet. Au Grand Palais, 175 de ses oeuvres sont réunies pour une rétrospective (22 septembre-24 janvier 2011). Elle s'annonce porteuse d'idées nouvelles sur le plus universellement célèbre des impressionnistes. La sélection est dense et relevée de toiles méconnues, qualités qui ne rendront que plus longues les files d'admirateurs. Pour essayer d'abréger un peu l'attente, pour la première fois de son histoire, le Grand Palais sera ouvert tous les jours, mardi compris.

De l'autre côté de l'avenue Winston-Churchill, au Petit Palais (21 octobre-16 janvier 2011), il y aura un autre impressionniste, bien moins illustre, l'Italien Giuseppe De Nittis (1846-1884). Cet observateur de la vie moderne, protégé de Manet et de Degas, mourut jeune et fut oublié. La preuve : sa précédente exposition à Paris date de 1886... Autre contemporain de Monet, Jean-Léon Gérôme sera au Musée d'Orsay (19 octobre-23 janvier 2011). Gérôme fut l'un des ennemis les plus résolus de l'impressionnisme et la coïncidence est plaisante : le peintre moderne et l'imagier académique se retrouvent à nouveau face à face.

Remontons le temps. L'art du XVIIIe siècle, qu'éclipsent d'ordinaire littérature et musique de cette époque, est, pour une fois, à l'honneur. Le Louvre lui consacre trois expositions, "Musées de papier - l'Antiquité en livres" (25 septembre-3 janvier 2011), "Le Louvre au temps des Lumières (11 novembre- 7 février 2011) et "L'Antiquité rêvée" (2 décembre-14 février 2011), qui traitera en grand du goût pour l'antique et du néoclassicisme en Europe. A compléter en se rendant au Musée Cognacq-Jay, qui s'interroge sur le genre du paysage dans ses rapports avec l'Antiquité et l'histoire à travers le cas de Tivoli, sa cascade et ses temples (18 novembre-20 février 2011).

Remontons plus loin. On aimerait que l'autre exposition du Grand Palais ait autant de succès que Monet. Son titre, "France 1500", est vilain, mais son sujet, les arts au temps de Charles VII et de Louis XII, fort intéressant. Plus de 200 oeuvres - sculptures, vitraux, tapisseries, orfèvreries, livres, retables, émaux - sont réunies pour l'occasion. Un chapitre est consacré à la circulation des oeuvres et des artistes venus du Nord - les Flandres - et du Sud - l'Italie. C'est une bonne manière de rappeler combien la notion d'art national ne convient guère à la situation française (6 octobre-10 janvier 2011).

Retour au XXe siècle. Le Musée d'art et d'histoire du judaïsme ressuscite Felix Nussbaum. Longtemps méconnu, Nussbaum est l'un des seuls à avoir peint, dans la clandestinité, la proscription et l'extermination des Juifs d'Europe. Dénoncé, il mourut à Auschwitz (22 septembre-23 janvier 2011).

Tout autre chose au Centre Pompidou : le cas Arman (22 septembre-10 janvier 2011). Il y aura 120 pièces pour répondre à cette question : comment l'artiste inventif et acerbe que fut Arman au temps du nouveau réalisme, qu'il a contribué à fonder, a-t-il pu devenir l'industriel qui inondait le marché de l'art de ses productions banalisées vingt ans plus tard ? Autant le premier Arman mérite toute l'attention, autant le second...

Prions pour que la même évolution ne gagne pas Gabriel Orozco, autre invité du Centre Pompidou (15 septembre-3 janvier 2011). Pour l'instant, l'artiste mexicain, né en 1962, est vif, aigu, narquois souvent. Autre vivant, autre narquois, lui aussi guetté par la diffusion de masse : l'artiste japonais Takashi Murakami dispose ses oeuvres actuelles dans les appartements du château de Versailles. Polémique garantie (14 septembre-12 décembre).

Reste la plus énigmatique des manifestations de la rentrée. Elle se tient au Musée du quai Branly et se nomme "Baba Bling" (5 octobre-30 janvier). Le sous-titre est moins crypté : "Signes intérieurs de richesse à Singapour". Ce qui explique Bling. Mais Baba ? A Singapour, "Baba" désigne les descendants des communautés chinoises venues dès le XIVe siècle dans le sud-est asiatique. Il y aura donc du mobilier, des textiles et des porcelaines qui hybrident éléments chinois et malais. Nouvelle occasion de réfléchir à la fertilité des métissages artistiques.

Face à cette abondance, les métropoles régionales ne peuvent lutter. La principale nouveauté est la réouverture du LAM, Lille Métropole Musée d'art moderne, d'art contemporain et d'art brut, à Villeneuve-d'Ascq, le 25 septembre.

Un peu plus loin, il y a Londres, où deux grandes expositions s'annoncent, les collections du musée de Budapest à la Royal Academy (25 septembre-12 décembre) et, surtout, la rétrospective Gauguin de la Tate Modern (30 septembre- 16 janvier).


Philippe Dagen

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