TOUT EST DIT

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mardi 10 août 2010

Etonnants milliardaires

Cela s'est passé le 4 août. On ignore si la nuit du 4 août 1789 - l'abolition des privilèges -a joué un rôle symbolique dans le choix de cette date où 40 superriches américains ont promis de donner à des oeuvres caritatives la moitié de leur fortune. Ce qui, selon Warren Buffet, promoteur avec Bill Gates de cette initiative, permet d'espérer une récolte de 600 milliards de dollars, si d'autres milliardaires se joignent au mouvement. L'affaire est si énorme, si insolite vue d'Europe, qu'on aurait tendance à n'y voir qu'une manifestation du folklore américain, dans la veine des films de Frank Capra. Cédons donc d'abord à la manie, bien française, du dénigrement en variant le ton. Sceptique : « Cette promesse de donner, de leur vivant ou après leur mort, la tiendront-ils ? Après le 4 août, il y a eu la Restauration… ». Désabusé : « A ce niveau de richesse, ils peuvent bien lâcher quelques milliards : ils ne s'en apercevront même pas ! » Finaud : « Aux Etats-Unis, les plus riches ont été les seuls à s'enrichir depuis vingt ans, même pendant la crise : ils veulent se faire pardonner… »

Gardons-nous cependant de ne voir la société américaine qu'à travers nos propres lunettes. Elle fait de l'argent, dit-on, sa valeur suprême. En fait, elle valorise surtout la réussite individuelle, dont l'argent n'est qu'un témoignage. Une fois acquis, il devient un moyen d'action plutôt que de conservation de la richesse, comme le montre la mobilité du capital outre-Atlantique, et le fait que les Américains sont bien moins attachés que les Européens à la transmission du patrimoine : combien de milliardaires français accepteraient de déshériter leurs enfants de la moitié de leur fortune ? Enfin l'enrichissement, qui n'aurait pu être réalisé sans le support de la collectivité, appelle une réciprocité : c'est ce qui fonde la tradition caritative bien ancrée aux Etats-Unis. Reste une question : comment concilier avec les institutions démocratiques un système de redistribution, d'assistance et même d'aide au développement qui passe de plus en plus aux mains de décideurs privés ?

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