TOUT EST DIT

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vendredi 9 juillet 2010

Sur la corde raide

Le Parlement vient de désavouer le gouvernement deux fois, coup sur coup. Dans la nuit de mercredi à jeudi, le Sénat a voté une réforme Hortefeux des collectivités locales largement vidée de son contenu par les centristes. Son président, Gérard Larcher, l'estime même inapplicable. Hier matin, à l'Assemblée, Jean-François Copé et les députés UMP ont mis Éric Woerth en minorité sur un texte visant à améliorer ¯ modestement ¯ le dialogue social dans les petites entreprises.

Ces alertes témoignent de la fragilité de l'exécutif. Elles montrent qu'il va être difficile d'attendre le vote de la réforme des retraites, vers octobre, pour remanier le gouvernement. Elles confirment que Nicolas Sarkozy aura du mal à imposer des choix budgétaires, aussi essentiels que douloureux, pour surnager dans la crise.

L'Élysée a estimé que laisser tomber le ministre du Travail Éric Woerth, pièce majeure du puzzle gouvernemental, risquerait de compromettre une réforme des retraites dont l'impact sur les finances publiques engage la signature de la France. Le maintenir, fragilisé, ne serait d'ailleurs pas davantage une garantie de succès de la réforme. Cornélien.

Sur le budget aussi, le gouvernement fait de la corde raide. Les sénateurs de la majorité ¯ encore eux ! ¯ donnant du crédit à l'analyse de François Hollande, considèrent qu'il faut trouver, non pas cent, mais cent cinquante milliards d'euros de recettes en plus ou de dépenses en moins pour revenir, en trois ans, vers la norme européenne. Là encore, le gouvernement a bien besoin de la sérénité de François Fillon pour naviguer entre les deux écueils qui inquiètent le pouvoir.

Le premier : une baisse brutale de la dépense publique risque de provoquer des mouvements sociaux ¯ les éteindre coûte toujours cher ¯, de mettre le feu aux banlieues ¯ la hantise de l'Élysée ¯ et d'entraîner une récession européenne aux conséquences politiques et budgétaires incalculables. Un bras de fer oppose ainsi les tenants d'une rigueur explosive aux défenseurs d'un assainissement mou.

Le second : il consiste à surestimer les rentrées fiscales et la capacité de l'État à réduire sa dépense. Car n'oublions pas que le budget 2011 sera celui d'une précampagne présidentielle. Comment les candidats pourront-ils s'attirer assez de sympathies électorales sans céder à de ruineuses promesses ?

Fragilité de l'exécutif et tentations électoralistes : il existe un risque de ne pas tenir les objectifs annoncés. Adresser un tel message aux marchés serait le scénario le plus redoutable, car il conduirait à une dégradation de la note de la France, à une augmentation asphyxiante des taux d'intérêts et à une menace sur l'euro et l'Europe. Sans même garantir la paix intérieure.

La majorité, mais aussi l'opposition, dans un esprit de responsabilité républicaine, doivent ainsi veiller aux conséquences du climat délétère actuel. Une politique, surtout en période de crise, ne peut se conduire sans la confiance. Pour la reconstruire, il faut faire vite, comme l'illustre la réactivité avec laquelle l'Élysée estime que « la vérité est rétablie » dans l'affaire Bettencourt.

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