TOUT EST DIT

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jeudi 8 juillet 2010

Parole contre parole

L’affaire Woerth-Bettencourt… toujours. On aimerait commenter des informations plus positives, comme la baisse du nombre de tués sur les routes, par exemple. François Fillon, qui a remis, en début d’année, la sécurité routière au premier plan des préoccupations gouvernementales, après le bilan médiocre de l’année dernière, peut être satisfait. Malheureusement pour lui, le Premier ministre n’a pas eu le loisir de disserter sur le sujet, hier. Une seule interrogation hantait les parlementaires UMP reçus à Matignon : peut-on sauver le soldat Woerth ?

François Fillon a promis de ne « pas céder à l’agitation ». Le propos est offensif, mais les proclamations de fermeté sont faites pour être démenties. De Charles Hernu, emporté par le scandale du Rainbow Warrior, en 1985, à Hervé Gaymard, logé par les contribuables dans un luxueux duplex de 600 m², vingt ans plus tard, tous les ministres acculés à la démission ont commencé par jurer qu’ils ne renonceraient pas à leur poste. Tous ont pu compter sur le soutien de Matignon et de l’Élysée… jusqu’au jour où ce soutien a fait défaut parce que la pression était devenue intolérable.

Dans le cas Woerth, la pression ne baisse pas d’un iota, au contraire. Les attaques se font de plus en plus précises au fil des jours, abandonnant la notion floue de conflit d’intérêt pour se focaliser sur le financement de l’UMP, parti dont Éric Woerth est le trésorier. Contrairement à ce qu’affirme le gouvernement, on est bien au-delà de la rumeur. Des chiffres sont avancés, un témoin qui n’est pas anonyme s’est fait connaître, formulant des accusations qui ont justifié, hier, l’ouverture d’une enquête par le parquet de Nanterre.

Éric Woerth porte plainte pour dénonciation calomnieuse : c’est sa parole contre celle de la comptable de Liliane Bettencourt. Par définition, l’argent liquide coule sans laisser de trace. La guerre judiciaire risque de durer longtemps… Sur le plan politique, ce temps est compté : le pays ne peut pas vivre indéfiniment dans le soupçon. Contrairement à ce que veut croire François Fillon, le président de la République n’est pas maître de son calendrier. S’il n’arrive pas à reprendre la main rapidement, tout est possible, y compris le pire. Jamais le chef de l’État ne tiendra jusqu’en octobre avec un gouvernement dans cet état.



Patrick Fluckiger

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