TOUT EST DIT

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jeudi 8 juillet 2010

Trou noir

La marée de brut qui s’étend dans le golfe du Mexique s’est installée depuis quelques semaines dans un grand trou noir. Le week-end dernier, des boulettes ramassées sur les plages de Galveston au Texas ont été à peine remarquées. Elles venaient pourtant rappeler au monde que ce sont désormais 800 km de côtes qui sont touchées en Louisiane, dans le Mississippi, en Alabama, en Floride et maintenant au Texas.

Le désastre a commencé le 20 avril dernier, jour de l’explosion de la plate-forme Deepwater Horizon. Voilà bientôt trois mois qu’il s’aggrave. Ses conséquences écologiques sont difficilement mesurables. Qui se risquerait à dresser un bilan définitif quand bayous, mangroves et marais continuent à être pollués ?

Certes, des progrès existent dans cette bataille contre le pétrole. D’autres sont annoncés avec l’arrivée d’un énorme navire taïwanais. Mais deux chiffres montrent que l’on est encore très loin du compte. 25 000 barils de brut sont pompés chaque jour, mais, dans le même temps, la fuite continue d’en dégager entre 35 000 et 60 000. Combat inégal qui a encore été compliqué par le passage récent de la tempête Alex. Aujourd’hui, il s’agit de la pire marée noire aux États-Unis. Plusieurs centaines de millions de litres de pétrole se sont ainsi répandus dans la mer, renvoyant l’Exxon Valdez et ses 42 millions de litres, plus polluant pourtant, déversés sur les côtes de l’Alaska en 1989, à une quasi-anecdote.

Le contraste est alors d’autant plus fort avec l’apparente atonie qui s’est installée. La gestion maladroite de la crise par Barack Obama semble oubliée. L’inquiétude de ces derniers jours a glissé vers l’avenir de British Petroleum (BP), son cours de Bourse, ses efforts pour se protéger d’une éventuelle offre d’achat hostile. Tranocean, propriétaire du forage, a même vu son action remonter de 4,68 %, mardi dernier.

Au fond, les hiérarchies de nos préoccupations parlent de notre vision du monde. Est-on sûr d’avoir tous bien compris ce qui se joue dans le golfe du Mexique ? Certes, vu d’Europe, tout cela peut sembler bien loin. Mais qui pourrait soutenir qu’il s’agit là d’une affaire réservée aux pêcheurs de crevettes du sud des États-Unis ?



François Ernenwein

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