TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

dimanche 20 juin 2010

Les Vingt-Sept lancent une "opération vérité" sur l'état des banques européennes

Pour sauver les Etats, vérifions la solidité des banques. Réunis à Bruxelles jeudi 17 juin, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne n'ont pas activé de plan de sauvetage en faveur de l'Espagne, et de ses banques en difficulté. En revanche, ils ont décidé, à la demande expresse de Madrid, d'organiser pour toutes les grandes enseignes européennes un test de résistance - "stress test" - et d'en publier les résultats avant la fin juillet. Histoire de prouver aux marchés qu'ils n'ont pas à douter de la solidité des banques, celles de la péninsule ibérique en particulier.
Cette opération doit aider les plus grandes banques espagnoles, qui vont beaucoup mieux que les caisses d'épargne ibériques, à retrouver la confiance des marchés pour se financer.

L'objectif est aussi d'éviter une contagion susceptible de plomber les banques européennes engagées en Espagne. "La transparence est essentielle si nous voulons gagner la confiance des investisseurs, des citoyens et des entreprises", a martelé José Luis Rodriguez Zapatero, le premier ministre espagnol.

Techniquement un "stress test" consiste à simuler la résistance d'une banque à un choc majeur - récession, défaillance d'un Etat, effondrement boursier, faillite de grosses entreprises. Une vingtaine d'établissements transfrontaliers seulement, comme BNP Paribas, la Société générale, la Deutsche Bank ou l'espagnole Santander, seront concernés par la publication. "Là où il y a de la transparence, où il n'y a pas de rumeurs, on peut mieux réagir", a assuré Angela Merkel, la chancelière allemande, en précisant que Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne (BCE), avait soutenu l'initiative. "Si on a quelque chose à cacher, cela finit toujours par apparaître", a renchéri la chancelière.

L'Allemagne compte désormais jouer la carte de la transparence, alors que les banques germaniques, très fragilisées par la crise, y sont réticentes et évoquent des impossibilités législatives. Nicolas Sarkozy, le président français, a estimé que la transparence permettrait d'éviter d'avoir "des psychodrames les uns après les autres".

Il y a un an, les Européens s'étaient refusés, à la différence des Américains, à publier les résultats des "stress tests" réalisés dans chaque pays. Explication avancée : les Américains avaient retenu des hypothèses plus favorables pour tester leurs banques, et les Européens craignaient de plomber leur propre système bancaire avec des résultats moins favorables.

En un an, le rapport de forces s'est retourné : sous la pression du G7, les Etats européens sont aujourd'hui dans l'obligation de démontrer que leurs banques sont en bonne santé, et cherchent à gagner du temps afin d'éviter de voler au secours de l'Espagne.

Officiellement, a-t-on parlé des difficultés espagnoles ? "Nous considérons qu'il n'y a pas de problème", a indiqué M. Sarkozy. En réalité, M. Zapatero a présenté la vaste cure d'économies adoptée dans la douleur par son gouvernement. Celle-ci a été approuvée par ses homologues européens, en particulier les mesures de libéralisation du marché du travail, a précisé Mme Merkel. Pour le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, ces mesures sont "courageuses" et "produiront leurs effets".

Les Européens ont par ailleurs proposé deux initiatives pour le sommet du G20, dans deux semaines à Toronto : la création d'un prélèvement sur les banques, qui pourrait, en dépit des réserves françaises et britanniques, alimenter un fonds destiné à les renflouer en cas de crise. Et la mise en place, moins consensuelle, d'une taxe sur les transactions financières dont la nature n'est pas définie. Les pays libéraux, comme le Royaume-Uni, soucieux de préserver l'activité de la City, y sont réticents, craignant de voir l'industrie de la finance se déplacer vers des régions du monde qui ne taxeraient pas les transactions.

Mme Merkel et M. Sarkozy envisagent de créer seuls cette taxe si nécessaire. "La France et l'Allemagne, nous sommes demandeurs et prêts à envisager sa mise en place même si tel ou tel grand acteur n'en voulait pas", a indiqué M. Sarkozy.
Arnaud Leparmentier et Philippe Ricard

0 commentaires: