TOUT EST DIT

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samedi 29 mai 2010

Éthique, l'autre faillite


Crise économique ou récession morale ? La 11e enquête internationale du groupe d'audit Ernst ' Young jette un éclairage troublant sur cette question.
Selon cette étude, menée auprès de 1 400 directeurs financiers dans trente-six pays, dont la France, les cas de fraude grave dans les entreprises ont doublé depuis le début de la crise. La proportion de sociétés confrontées à un cas de malversation notable serait de 21 %. Une sur cinq, c'est stupéfiant !
Depuis dix-huit mois, la crise économique nous occupe à plein régime. Avec une obsession, tenter de prévenir la « grande dépression », cette destruction massive de valeurs tant au niveau des entreprises qu'à l'échelle des États. On a vu ces dernières semaines que le pire n'était pas forcément le moins certain.
Le diagnostic de la crise économique repose sur des signaux usuels que tout le monde comprend : effondrement des ventes, réduction des profits, destruction d'emplois, envol de la dette, évaporation du crédit, donc perte de la confiance.
La fraude économique est plus difficile à mesurer. Pour autant, quatre directeurs financiers sur dix seulement auraient révisé les procédures de contrôle des comptes. Six sur dix en France, nation peu libérale où réside un fond de méfiance institutionnelle plus vivace qu'ailleurs. Les directions françaises accordent peu d'importance aux contrôles faits par le management. Encore moins aux systèmes d'alerte générale, le « whistleblowing » des Anglo-Saxons, qui enrôlent la totalité des agents dans la surveillance et la dénonciation des faits suspects.
Certains pays, comme la Grande-Bretagne ont, semble-t-il, engagé une démarche anticorruption plus ferme. Il est vrai que l'industrie financière, qui est le coeur de City, a la confiance pour seul ciment. L'effet corrosif d'une perte des valeurs morales y est sans doute plus immédiatement dommageable que partout ailleurs.
Au-delà des ces ajustements circonstanciels, faut-il inviter le cercle des dirigeants à un examen de conscience plus exigeant ? L'éthique dont se prévalent avec tant de complaisance les pays développés est-elle soluble comme un grain de calcaire dans l'acide de la récession ? D'après Ernst ' Young, un quart des sociétés françaises seulement évaluent l'éthique et la conformité de l'entreprise qu'elles acquièrent, contre 37% au plan mondial. C'est peu. Si la crise n'enseigne pas un sursaut de droiture, à quoi sert-elle ?

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