TOUT EST DIT

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samedi 17 avril 2010

La bombe a explosé


La bombe a déjà éclaté ! La bombe, c'est le déficit du système des retraites, annoncé depuis longtemps. Le découvert est passé en deux ans de 10 milliards à 30 milliards d'euros. Si l'on continue à ce rythme, les besoins de financement seront de 75 à 100 milliards d'euros en 2050. Cela paraît très loin, mais si l'on s'en tient simplement à 2015, c'est-à-dire à cinq ans d'ici, le déficit sera de 40 milliards. Pourquoi ? Parce que nous avons la chance de vivre plus longtemps que jamais dans l'histoire de l'humanité. Ainsi, l'espérance de vie des Français, en 1950, était de 66 ans. En 2010, elle est de 81 ans. Ce phénomène engendre des retraités en plus grand nombre et de plus grande longévité. Mais, par ailleurs, et c'est la deuxième cause, nous avons la « malchance » (?) de subir la crise qui, accroissant le chômage, entraîne la diminution des cotisations et a rapproché de quinze ans les échéances.

Tout cela, nous le savons avec encore plus de précisions, depuis la publication, cette semaine, du rapport du Conseil d'organisation des retraites, le Cor. Il s'agit d'un groupe d'experts qui, sans se préoccuper des opinions diverses, analysent la situation froidement, lucidement, comme des experts honnêtes et compétents savent le faire.

Les données sont incontestables car, s'il est un domaine où l'on peut prévoir avec certitude, c'est bien celui de la démographie. On sait que le nombre des naissances d'aujourd'hui fera le nombre des travailleurs et des retraités de demain. On connaît le nombre de cotisants aux caisses de retraites. Aujourd'hui, pour 10 retraités, ils sont 18. Demain, ils ne seront plus que 12. Comment compenser l'apport perdu des 6 cotisants qui vont manquer ? Tel est le problème qu'il faut résoudre si l'on veut éviter l'effondrement des prestations de retraites dans les proches années.

Le système devient déficitaire non par suite d'une mauvaise gestion, mais à cause de l'évolution démographique de notre société. Cependant, politiques, patrons, syndicats et nous tous, nous serons responsables de la misère de nos retraités si l'on ne fait pas ce qu'il faut pour sortir de la catastrophe financière qu'est devenu le système public des pensions. Depuis le temps qu'on en parle, il est devenu urgent de définir, puis de décider les réformes, et d'arrêter le calendrier de leur progressive application.

Non à la démagogieoui à la solidarité

La démagogie n'a pas sa place ici. La vérité dure à entendre doit être dite : il faudra recourir à toutes les possibilités, jouer sur tous les tableaux pour rétablir l'équilibre, c'est-à-dire pour continuer à verser des retraites dignes de ce nom. Il faudra uniformiser les systèmes sans oublier l'équité entre le public et le privé, les hommes et les femmes. Il faudra tenir compte de la pénibilité du travail, augmenter des impôts, relever des cotisations, revoir même certaines exonérations bénéficiant aux retraités pour que les actifs cessent de supporter cette triste injustice : « Payer toujours plus cher les honnêtes pensions de leurs parents, voir s'éroder leur retraite future et n'en tirer de contrepartie, ni en emplois ni en salaires. » (1).

Comme le font les citoyens de nombreux pays européens, il faudra aussi travailler plus longtemps dans l'année et plus d'années dans une vie. Ainsi, si l'on voulait rétablir l'équilibre en dix ans, ce n'est pas de deux ans qu'il faudrait décaler l'âge effectif de départ à la retraite, mais de cinq ans.

La tâche est considérable et la réforme difficile. On le voit, il ne s'agit pas d'une question de droite ou de gauche, de patrons ou d'employés, de syndiqués ou de non syndiqués, de responsables politiques ou de simples citoyens ; tout le monde est concerné. Il s'agit de ce que Gaëtan de Capèle appelle « l'un des derniers ciments intergénérationnels de la nation » (2) ; c'est-à-dire de l'avenir des relations entre générations. Il s'agit donc de la paix sociale pour demain. Il s'agit, en un mot, d'une grande cause nationale, du bien public, du bien commun, c'est-à-dire de cette solidarité, signe de la fraternité, que la République a inscrite dans sa devise.

(1) Jean-Francis Pécresse, Les Échos, 14 avril 2010.

(2) Gaëtan de Capèle, Le Figaro, 14 avril 2010.

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