Les éditions Au Diable Vauvert proposent une nouvelle collection biographique "à 20 ans", centrée sur la jeunesse des grands écrivains. Les premiers titres portent sur Flaubert, Proust et Vian. L'idée est simple: faire connaissance avec les grands noms de la littérature à un âge où ils n'étaient encore personne, et comprendre comment ils sont devenus ce qu'ils sont.
Qui étaient nos grands écrivains, nos classiques, quand ils avaient 20 ans? Des jeunes gens bien sages, la raie sur le côté, les lunettes sur le nez, le sourire rare? Avec cette nouvelle collection, Au Diable Vauvert veut nous prouver le contraire. On fait ainsi connaissance de Gustave avant qu'il ne soit Flaubert, un garçon turbulent qui se fait renvoyer du lycée six mois avant le bac parce qu'il est trop insolent, un garçon qui rêve de devenir un bandit en Corse, un garçon qui a une aventure avec une femme de quinze ans de plus que lui. Comme le fait valoir Louis-Paul Astraud, auteur et directeur de la collection, "pour qu'ils deviennent de grands classiques, il fallait d'abord qu'ils soient des originaux."
Une formule qui se vérifie chez Marcel Proust. Comment fait ce petit-fils d'un agent de change juif, de santé fragile, de surcroît homosexuel, pour pénétrer les salons mondains les plus fermés de Paris? C'est que le garçon a un humour, un sens de la répartie, une finesse d'esprit et une volonté de s'imposer, qui impressionnent tous ceux qu'il rencontre. Loin de l'image d'un esthète touché par la grâce de l'écriture, on découvre, dans le livre rédigé par Jean-Pascal Mahieu, un garçon plein de doutes, touchant parfois de naïveté, qui fait de l'entrisme en usant et abusant de compliments, mais qui écrit sans relâche pour trouver son propre style.
C'est aussi un nouveau visage de Boris Vian qui apparaît dans l'ouvrage de Claudine Plas: on se souvient de l'écrivain-poète engagé contre la guerre, notamment grâce à sa chanson Le Déserteur. Le jeune Boris, lui, semble plutôt dépassé par les événements de 1940, juste au moment de ses vingt ans. Il comprend certes avec une grande lucidité l'enchaînement des actions qui ont conduit au désastre militaire mais n'en perçoit pas l'importance morale. Il est furieux contre ces adultes qui lui gâchent sa jeunesse en se faisant la guerre, et devient ainsi représentatif d'une grande partie de sa génération. La prise de conscience de cet enjeu moral, précipité par l'assassinat de son père en 1944, est le combat de sa jeunesse.
De nouveaux titres sont promis par cette collection instructive et divertissante, sur la jeunesse de Duras, Colette, Genet ou Hemingway, avec cette même question: "Et eux, qu'est-ce que leurs vingt ans ont fait d'eux?"
Gustave Flauvert à 20 ans, Louis-Paul Astraud
Boris Vian à 20 ans, Claudine Plas
Marcel Proust à 20 ans, Jean-Pascal Mahieu
dimanche 7 février 2010
Qu'ont-ils fait de leurs 20 ans?
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