Tangui Morlier vient d'être élu président de l'April, la principale association française de promotion du logiciel libre. Contrairement aux logiciels dits propriétaires, dont le code-source (la "recette") est secrète, il est possible de consulter et de modifier le code-source des logiciels libres, dont les plus connus sont Firefox, OpenOffice ou les distributions GNU-Linux.
Quel est le rôle de l'April ?
Nous sommes une association de promotion et de défense du logiciel libre. Nous essayons d'être à l'image de toute la communauté : nous rassemblons des développeurs, des utilisateurs, des entreprises, des associations… Nous comptons environ 5 000 membres, dont 400 associations et entreprises, et nous essayons de faire la promotion de notre manière de créer du bien commun tout en désactivant certaines incompréhensions qui perdurent.
Aujourd'hui des logiciels libres comme Firefox sont d'usage très courant, et ces dernières années de nombreuses administrations, comme la gendarmerie, sont passées à des logiciels libres. Y-a-t-il encore besoin d'en faire la promotion ?
L'April existe depuis 1996 : si aujourd'hui le logiciel libre se développe aussi bien auprès sur les ordinateurs du grand public que sur les serveurs, ce succès n'était pas acquis à la naissance de l'association. De plus, il reste encore aujourd'hui des entraves à l'utilisation du logiciel libre, notamment la difficulté à acheter un ordinateur portable sans acheter en même temps une licence pour un système d'exploitation. Les utilisateurs n'ont pas vraiment le choix : c'est une vente liée, et cela pénalise le développement des systèmes d'exploitation libres.
Parmi les priorités de l'association pour les cinq ans à venir, vous prévoyez de mettre l'accent sur le rôle du logiciel libre à l'école. Qu'entendez-vous par là ?
En 2009, nous avons déjà participé à la mission Fourgous [sur le numérique à l'école, ndlr]. Nous essayons de démontrer que le logiciel libre va plus loin que le simple apprentissage de la manière dont on utilise un logiciel. La création de logiciels libres est un travail collaboratif : cette manière de créer du savoir à plusieurs est particulièrement importante si nous voulons préparer les plus jeunes à entrer dans une société du savoir partagé.
Certains constructeurs et éditeurs, comme Apple, connaissent un succès indéniable avec des systèmes très fermés, à l'opposé de ce que vous défendez…
Oui, en terme de création de valeur économique, le succès d'Apple, par exemple, est indéniable. Mais ce succès ne bénéficie pas à l'ensemble de la société : il ne bénéficie qu'à une seule entreprise.
Nous défendons une approche où le partage des connaissances permet de maximiser la valeur d'un travail. Si l'on souhaite que l'innovation profite à toute la société, le partage des connaissances est indispensable.
Propos recueillis par Damien Leloup
vendredi 19 février 2010
"Il reste encore des entraves à l'utilisation du logiciel libre"
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