Dette, effectifs de la fonction publique, élections régionales... Le président du Mouvement démocrate détaille sa stratégie aux "Echos".
Pourquoi tenir aujourd'hui un congrès programmatique ?
Les Français ont bien compris - et partagent assez largement - nos doutes, nos réserves et nos critiques sur la manière dont on les gouverne. Mais ils n'aperçoivent aucun autre projet qui pourrait leur donner de l'espoir. C'est donc à cette question du projet qu'il faut répondre. Ce que nous montrerons au terme de ce travail qui a rassemblé plus de 500 contributions, c'est que ce projet alternatif est possible et cohérent. Et nous montrerons qu'un tel projet peut rassembler largement. Développement soutenable sur les questions énergétiques aussi bien que sur la dette ou sur les retraites, économie créative, justice, égalité des chances, démocratie réelle... Nous défendons un projet de société soutenable au travers des générations, une économie de liberté et une action publique tournée vers un impératif de justice.
Vous parlez souvent de la dette, mais que proposez-vous pour la réduire ?
La dette n'est pas soutenable. À proprement parler, le déficit est aujourd'hui hors de contrôle. Quand le budget d'un pays est à 50% de déficit annuel, lorsque tous les jours il lui faut emprunter 500 euros pour en dépenser 1.000, il va dans le mur à court terme. La politique qu'il faudra conduire pour réduire les interventions inutiles, pour décider d'une réforme fiscale, allant dans le sens de plus de justice, supprimant, par exemple, le bouclier fiscal, s'attaquant aux "niches" indues, retrouvant la progressivité de l'impôt, exigera une large majorité politique. Il faudra un contrat de modération dans les dépenses publiques, y compris avec les collectivités locales. Aux régionales aussi, nous porterons ce message.
Faut-il diminuer les effectifs de la fonction publique plus massivement comme cela a été fait ailleurs ?
Alléger ce qui est trop lourd, c'est bien. Mais amputer le nécessaire, c'est contre-productif. Et il faut se sortir une idée fausse de l'esprit : ce n'est pas la seule fonction publique qui est responsable de notre déficit.
Faut-il augmenter les impôts ?
Il faut revenir à la justice, et donc à la progressivité de l'impôt. Surcharger les classes moyennes, et protéger les plus privilégiés, c'est insupportable.
Faut-il interdire l'adoption d'un budget présentant un certain niveau de déficit, comme le propose aujourd'hui l'UMP ?
Cette proposition constitutionnelle d'interdire tout déficit de fonctionnement en période de croissance était au coeur de mon projet de 2007. À l'époque, l'UMP la combattait. Depuis, l'Allemagne d'Angela Merkel l'a adoptée pour l'horizon 2014. Je m'en réjouis et j'attends qu'on en vienne là en France. Plus encore, j'attends qu'elle soit mise en pratique, alors que jamais on n'a creusé autant les gouffres de la dette et des déficits, à coup de mesures sans cohérence comme la TVA pour les restaurateurs. Et c'est fausse route que de faire croire que le salut est dans l'emprunt supplémentaire...
Même si l'emprunt au final ne dépasse pas les 35 milliards d'euros ?
35 milliards, c'est presque le montant de la totalité de l'impôt sur le revenu ! Nous nous abusons nous-mêmes en jugeant ces chiffres négligeables...
Comment jugez-vous les efforts du gouvernement face à la montée du chômage et que feriez-vous à sa place ?
La politique de l'emploi est dispersée et incohérente. La création de Pôle emploi se fait dans le plus grand désordre. Les charges sur l'emploi ne cessent de croître : la réforme annoncée de la taxe professionnelle, c'est, de manière détournée, le retour de la part salariale dans la taxe professionnelle. Les grandes entreprises industrielles y gagneront. Mais les TPE, les PME, notamment dans les services, y perdront. Et ce sont elles qui créent le plus d'emplois. Que ferais-je à la place du gouvernement ? Une politique en faveur des TPE et des PME, avec les deux premiers emplois sans charges et un vrai "Small Business Act".
Les rapports d'experts convergent pour dire que la TP détruisait de l'emploi...
La valeur ajoutée que l'on va taxer, c'est pour les deux tiers des salaires. Vous verrez le résultat...
Vous vous dites dans l'opposition, mais pas de gauche. Sur le fond qu'est-ce qui vous distingue du PS ?
D'abord la conception de l'entreprise. Au PS, il y a trop souvent méfiance à l'égard de l'entreprise. Quand Martine Aubry annonce qu'elle veut envoyer au tribunal toute entreprise qui licencie alors qu'elle réalise des bénéfices, j'ai l'impression d'une fuite à gauche sans issue. Heureusement que les entreprises adaptent leur situation avant d'être dans le rouge ! Autrement, on peuplera les cimetières d'entreprises... Et je ne crois pas que l'État soit la solution à tous les problèmes. Je crois davantage à la société organisée et vivante qu'à l'État tout-puissant. Enfin, la posture officielle du "tout-à-gauche" n'est pas la mienne. Pour moi, le gauchisme n'est pas une issue. C'est une impasse.
Votre main tendue au PS n'a jusqu'à présent pas fait bouger les lignes...
Je trouve, au contraire, que les lignes bougent. Lentement, mais elles bougent. Et elles bougeront, car personne ne peut avoir la majorité seul : il n'y a aucune alternance possible si on continue à se regarder en chiens de faïence. La France n'est gouvernable que par un "arc central" qui aille de la gauche, au centre et j'espère même à une partie de la droite républicaine, dont les valeurs sont niées, et qui aujourd'hui encore se tait. En cet arc central, on peut gouverner la France de manière cohérente et juste.
Votre détermination n'est pas entamée ?
Ma détermination est inentamable. Ce que je défends, le temps l'imposera. Si alternance il y a ce ne pourra être que sur un projet fédérateur, des idées justes et simples où chacun pourra se retrouver sans renier ce qu'il est. C'est pour cela que je crois à un projet qui aille, sans concessions, au bout de l'idée humaniste. C'est la seule voie pour dépasser le double constat d'échec des décennies passées : le capitalisme, parce qu'il est amoral, ne peut constituer un projet de société ; et l'étatisme jacobin ne marche pas et stérilise un pays.
Les sondages créditent le MoDem de 6 à 8% des voix aux régionales. Sur quoi misez-vous pour redresser la barre ?
Chaque fois que nous avons eu des sondages modestes au début, nous avons eu de bons scores à la fin. Et réciproquement. Tout le reste est question de travail.
PROPOS RECUEILLIS PAR NICOLAS BARRE, STEPHANE DUPONT ET PIERRE-ALAIN FURBURY, Les Echos
PAUVRE, PAUVRE BAYROU, C'EST LE DISCOURS D'UN HOMME PERDU, DÉBORDÉ PAR LES RÉALITÉS, IL N'A AUCUNE PERSPECTIVE, IL N'EST DIRIGÉ QUE PAR SA RANCŒUR ENVERS NICOLAS SARKOZY ET PIRE ENCORE SÉGOLÈNE DU POITOU.
vendredi 4 décembre 2009
François Bayrou : "Le pays va dans le mur à court terme"
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