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mercredi 25 novembre 2009

Dominique Strauss-Kahn ou la stratégie du «un pied dehors, un pied dedans»

POLITIQUE - La présence en France du directeur du Fonds monétaire international (FMI) en France est très remarquée...
Il ne parle pas, mais il fait parler. Il est absent, mais sa présence est remarquée. Dominique Strauss-Kahn tient-il là sa stratégie pour la présidentielle de 2012? Le directeur du Fonds monétaire international fait un passage remarqué en France mardi et mercredi. Officiellement pour parler de la crise, comme il l'a fait dans plusieurs pays ces derniers temps. Officieusement pour «garder un pied dans la vie politique française», selon Rémy Lefebvre, politologue spécialiste du Parti socialiste.

Car si l'ancien ministre des Finances de Lionel Jospin est tenu à un devoir de réserve en raison de ses fonctions au sein de la prestigieuse institution internationale, sa simple présence suffit à refaire parler de lui. D'autant qu'elle est suffisamment bien orchestrée sur le plan médiatique: participation à un colloque de l'hebdomadaire anglais The Economist mardi soir, interview dans Le Figaro daté de ce mercredi puis apparition sur le plateau du Grand Journal sur Canal+, un des rendez-vous politiques les plus prisés du moment, ce mercredi soir. Libération a aussi consacré ses premières pages, analyse et sondages à l'appui, à la stratégie du présidentiable. Stratégie également longuement disséquée dans Le Monde.

«DSK a les épaules pour l'Elysée»

Si DSK reste bouche cousue, donc, les autres parlent pour lui. Y compris à gauche. Laurent Fabius, pas franchement strauss-khanien, a ainsi déclaré sur LCI ce mercredi que «DSK [avait] les épaules pour l'Elysée». Depuis qu'ils se sont réconciliés au congrès de Reims derrière Martine Aubry, les deux éléphants feraient ami-ami, Laurent Fabius ayant renoncé à toute ambition présidentielle mais pas forcément ministérielle...

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Du côté des soutiens de DSK, le mot d'ordre aurait été ne pas commenter la venue du directeur de FMI. Malgré tout, les Cambadélis, Le Guen et autres Urvoas ne se privent pas de gloser dans la presse sur la position de leur leader. Même si c'est pour dire que «son ego est rassasié. Il n'a pas de plan de carrière et il est libre vis-à-vis de lui-même» (Jean-Marie Le Guen, dans Le Monde). Ou encore qu'«il n'est pas candidat (...). Il n'est pas un obsessionnel de la présidentielle (...) et ne se projette pas dans les trois ans à venir» (Jean-Christophe Cambadélis dans Libération).

L'objectif, semble-t-il, est d'éviter d'abattre ses cartes trop tôt, pour profiter le plus longtemps possible de son aura à la tête du FMI, dont le blason a été redoré pendant la crise. En restant à distance des querelles internes du Parti socialiste, Dominique Strauss-Kahn «entretient l'hypothèse du recours, de l'homme-providence qui viendra dévérouiller la situation du PS», analyse Rémy Lefebvre. Une stratégie qui s'avère payante pour l'instant, un récent sondage le donnant vainqueur au 2e tour de la présidentielle 2012 face à Nicolas Sarkozy.

Fenêtre de tir limitée

Mais la fenêtre de tir reste limitée et le calendrier serré. En cause, la date des primaires pour désigner le candidat socialiste à la présidentielle. Si elles ont lieu avant la fin 2011, il sera compliqué pour DSK d'y participer, son mandat à la tête du FMI courant jusqu'en septembre 2012. Il lui faudra en effet démissionner pour pouvoir se lancer cette bataille - qui lui a déjà fait perdre des plumes en 2006. Il ne s'y engagera donc que si celle-ci est «faiblement concurrentielle», pronostique Rémy Lefebvre.

Dans cette équation à plusieurs inconnues, beaucoup dépendra de Martine Aubry. Si la première secrétaire du PS «passe le cap des régionales, ce sera décisif pour sa candidature en 2012, reprend le politologue. Si l'échec est important, en revanche, elle sera hors jeu.» DSK pourra alors plus facilement entrer dans la danse.
Catherine Fournier

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