TOUT EST DIT

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mercredi 27 mai 2009

Tout le monde n'est pas allergique à Claude Allègre

L'arrivée hypothétique au gouvernement de Claude Allègre -qui annonce ce mercredi qu'il votera "sans état d'âme" Barnier aux européennes- a suscité de nombreuses réactions négatives, de Juppé à Hulot. Mais aussi des encouragements, notamment dans la majorité. On fait le point.

Les contre

Alain Juppé. Le 25 mai sur France Bleu Gironde, le maire de Bordeaux estime que la nomination de Claude Allègre au gouvernement constituerait un "contre-signal formidable". "La personne n'est pas en cause, mais ses thèses sont bien connues: pour lui le réchauffement climatique n'est pas dû à l'activité humaine. Il est quasiment le seul à penser cela."

Nicolas Hulot, dans le JDD: "J'ai simplement mis en garde sur la difficulté qu'il y aurait à rendre compatibles d'un côté le rapport Attali, de l'autre les vues de Claude Allègre sur le climat, au moment où la France tente de mettre en oeuvre les orientations du Grenelle de l'environnement. Mais beaucoup de gens sont montés au créneau. Il ne faut pas oublier qu'Allègre nie la part entropique des changements climatiques. Moi, je me contente de donner mon avis, si on me le demande. Après, c'est un choix politique".

Jean Jouzel. Le climatologue français, vice-président du Groupe intergouvernemental d'étude sur le climat (Giec), prix Nobel de la paix 2007 avec Al Gore: "C'est dérangeant."

La fédération France nature environnement (qui regroupe 3000 associations) et Agir pour l'environnement: "Après avoir longtemps nié la responsabilité humaine dans le dérèglement climatique, Claude Allègre s'est donné pour mission de vanter les mérites de la transgénèse appliquée à l'agriculture", il "est devenu l'archétype du mammouth de l'écologie". "Allègre ou Grenelle, pour nous il faut choisir".

Corinne Lepage, ex-ministre de l'Environnement de Juppé, dans Libération du mardi 26 mai: "Faire entrer Allègre au gouvernement, c'est un oxymore; comme si on lançait un programme d'agriculture bio à Tchernobyl. Mais cela pose aussi la question du combat politique: c'est quoi aujourd'hui? La satisfaction de son ego ou la défense d'une conviction? On m'a proposé d'entrer au gouvernement en 2007, j'ai refusé car là n'était pas ma conviction."

José Bové qualifie Claude Allègre d'"anachronisme scientifique" et estime que son éventuelle nomination au gouvernement "serait un très mauvais signe pour l'écologie".

Dès février, le collectif Sauvons la recherche dénonçait "sa nomination (qui) ferait pour nous figure de provocation".

Claude Goasguen, député UMP de Paris:"Je ne suis pas persuadé que la personnalité de Claude Allègre soit très favorable pour calmer le monde de l'Education nationale. (...) Il ne faut pas confondre l'ouverture et le mercenariat".

Benoist Apparu, député UMP: "On a eu des difficultés sur le chemin éducatif. Il vaut mieux mettre quelqu'un de vierge dans le système, quelqu'un qui a une image correcte dans le milieu."

François Goulard, député UMP et ancien ministre de la Recherche: la nomination de Claude Allègre créerait "une crise de plus" avec les chercheurs. "Des personnalités comme M. Allègre ne nous apportent pas grand chose"

Jean-Pierre Bel, président du groupe socialiste au Sénat. "S'ils veulent se charger de Claude Allègre, qu'ils le fassent! Bon courage!"

Les pour

Nicolas Sarkozy rêve depuis longtemps de confier un grand ministère de l'Innovation à Claude Allègre, mais le battage qui entoure cette possible nomination l'agace, note ce mercredi Le Parisien.

Xavier Bertrand, secrétaire général de l'UMP estime qu'avec "sa liberté de ton" et ses qualités de "réformateur", l'ancien ministre socialiste du gouvernement Jospin avait "un profil intéressant pour la vie politique française". "Moi, je crois à l'ouverture parce qu'il est important qu'un gouvernement puisse aussi ressembler à la société française". "Il est certain que ça dérange beaucoup de socialistes".

Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP voit "quelque chose de formidable", "c'est de la publicité pour l'ouverture". "Or l'ouverture, je pense que c'est la solution pour réformer notre pays en profondeur et c'est d'autant plus important quand il y a la crise comme aujourd'hui". Allègre est "une personnalité forte de la vie politique", "quelqu'un qui ne se laisse pas arrêter par des codes ou parce que ça fait pas bien de dire ci ou ça, qui dit ce qu'il pense, qui peut parfois se tromper".

Eric Besson: "Les attaques à l'encontre de Claude Allègre sont inacceptables et grotesques".

Ivan Rioufol, journaliste au Figaro, sur son blog: "L'éventualité d'une entrée de l'iconoclaste Claude Allègre au gouvernement serait le signe encourageant d'une vraie rupture avec le conformisme politique: une tradition que Nicolas Sarkozy a jusqu'à présent consolidée en menant une inutile politique d'ouverture à gauche, alors que la société penche de plus en plus à droite. En d'autres termes, ce n'est pas l'ancien conseiller de Lionel Jospin qui est intéressant dans la personnalité d'Allègre, mais l'esprit libre et critique qui a rompu avec le PS et qui dit les choses. Il est réjouissant de voir, dès à présent, une partie de la communauté scientifique s'affoler de l'audience que pourrait retrouver celui qui met en doute, notamment, l'unique responsabilité de l'activité humaine dans le réchauffement climatique".


Claude Allègre votera UMP aux européennes


Alors que sa possible nomination au gouvernement continue de provoquer un tollé, le scientifique persiste à multiplier les déclarations flatteuses en direction de Nicolas Sarkozy.

« Je vais voter pour Michel Barnier, sans aucune hésitation, je n'ai pas d'état d'âme. D'abord j'aime bien Barnier, ensuite je pense que Sarkozy est la seule personne qui a fait bouger la Commission européenne et la présidence française de l'UE a été formidable. J'espère qu'il va continuer à la faire bouger ».

Contrairement à Bernard Kouchner, Claude Allègre n'a pas hésité longtemps sur son vote aux européennes. Dans une interview à l'AFP, le scientifique et ex-ministre de l'Education Nationale de Lionel Jospin fait une nouvelle fois montre de son admiration pour Nicolas Sarkozy. Sans cacher son envie de faire partie de l'équipe gouvernementale après le 7 juin prochain. «J'ai refusé d'entrer au gouvernement au début, mais j'ai beaucoup admiré la présidence française de Nicolas Sarkozy. Je suis très admiratif: le fait qu'on a fait un plan de relance commun, le fait qu'on a secoué la Commission, c'est une performance ».

Allègre obtiendra-t-il ce poste ministériel auquel il aspire tant ? La question devient complexe pour l'Elysée. Selon les informations du Figaro, Nicolas Sarkozy aurait « toujours envie » de tenter l'aventure, mais serait inquiet au vu des retombées négatives suscitées par les rumeurs annonçant le scientifique au gouvernement.

Allègre : «je ne pratique pas l'écologie dénonciatrice»

Le chef de l'Etat serait notamment inquiet, selon Le Parisien, des retombées chez les sympathisants de la cause écologiste, après les commentaires très négatifs de Nicolas Hulot ou d'Alain Juppé à l'encontre d'Allègre et de ses thèses contestées sur le réchauffement climatique. Autre point négatif, les réticences des ministres à son entrée au gouvernement et surtout à la mise en place souhaitée par le géochimiste d'un ministère de la recherche et de l'Industrie.

L'ancien socialiste dénonce depuis quelques jours «les mensonges et les affabulations» proférées par Nicolas Hulot et d'autres écologistes. «Je ne pratique pas l'écologie dénonciatrice mais l'écologie préventive et réparatrice», explique-t-il, rappelant qu'il a lancé «le premier programme français de géothermie» et «travaille depuis 20 ans sur les pollution des fleuves». Et Allègre d'ajouter : «En tant que scientifique et citoyen, je ne veux pas, comme certains, que l'écologie contribue à accentuer la crise et fasse encore plus souffrir les plus démunis».

Claude Allègre n'hésite d'ailleurs pas à tacler Nicolas Hulot. Selon lui, l'animateur«a peur de perdre ses subventions. Le ministère lui donne des subventions pour sa fondation Nicolas Hulot et il a peur que si je suis ministre je coupe ses subventions. Hulot c'est le grand inventeur de l'écologie financière».

Dernière attaque en date, celle du PS. Mardi, Martine Aubry a souhaité «bon courage» au gouvernement si Allègre l'intégrait. Sur Canal +, la première secrétaire du PS a expliqué : «Aujourd'hui, qu'est-ce que [Nicolas Sarkozy] attire à soi? Des hommes qui sentent l'odeur de l'écurie et qui attendent qu'on leur donne quelque chose». Avant d'ajouter : «Quand nous tous politiques nous sommes venus à dire que c'est un sujet majeur pour les générations qui viennent (...) si un ministre ose dire l'inverse de ce qui est une vérité absolue, je leur souhaite bon courage, car il ne va pas se taire, lui».

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