L'ancienne candidate à la présidentielle était l'invitée mardi à Athènes d'un colloque sur l'avenir des gauches en Europe.
À chacun sa façon de parler d'Europe. Tandis que Martine Aubry mobilise les élus socialistes rue de Solferino, Ségolène Royal disserte en Grèce, à l'invitation des socialistes européens, sur la crise de la social-démocratie. Plus de cinq mois après le congrès de Reims, la présidente de Poitou-Charentes n'a pas encore trouvé quelle place occuper au PS. Mais elle vit sa vie, forte de son statut d'ancienne candidate à la présidentielle. Au sein de la direction du parti, on fait mine de s'en accommoder. «Ce n'est pas un problème de mauvaise volonté, mais Ségolène n'a pas encore fixé son désir. Et nous, on ne voit pas comment lui proposer quelque chose qui ne soit ni insultant ni embêtant pour elle», dit-on dans l'entourage de la première secrétaire.
Mardi, Ségolène Royal a participé à un colloque sur «l'avenir des gauches en Europe» organisé à Athènes par les quotidiens espagnol El Pais et grec To Vima avec quelques grandes figures de l'Internationale socialiste, le président du Pasok (le PS grec), Georges Papandreou, l'ancien premier ministre italien Massimo D'Alema ou l'ancien président du gouvernement espagnol Felipe Gonzalez. Assis dans le public, Jean-Pierre Chevènement, présent à Athènes par hasard, écoute d'une oreille critique. Lui, il «votera blanc» le 7 juin, dit-il.
Alors que la crise vient de frapper l'idéologie libérale, «tout devrait réussir à la gauche européenne», a estimé Ségolène Royal, en prononçant le discours introductif. Pour être à la hauteur d'un enjeu «historique», elle a invité les sociaux-démocrates à être «lucides» sur eux-mêmes : «À nous de descendre de notre piédestal programmatique, de nos certitudes et d'un certain contentement de nous-mêmes.» À moins d'un mois des européennes, elle ne s'est pas appesantie sur les enjeux électoraux, préférant une réflexion générale sur le «social-humanisme du XXIe siècle».
«Je crois qu'il faut se battre»
Mêlant dans son discours ses idées favorites (démocratie participative, croissance verte, ordre juste) et sa réflexion sur l'Europe, Ségolène Royal a livré quelques pistes pour «réinventer» la gauche, avec un mot-clé : «la réconciliation». Réconciliation du «citoyen avec l'Europe», réconciliation avec «les valeurs de progrès», réconciliation «de l'Europe avec le monde». Mais pas seulement. «Il faut aussi réconcilier la gauche avec la radicalité qui se développe partout en Europe», a-t-elle déclaré, alors qu'Athènes a connu des révoltes violentes il y a quelques mois. «Je crois qu'il faut se battre, donner de la voix, mener le rapport de forces jusqu'au bout lorsqu'une situation est injuste et qu'elle résulte d'un cynisme absolu de quelques prédateurs financiers ou de responsables politiques sans morale publique.» Elle a tempéré ensuite son propos en plaidant pour «une gouvernance qui garantisse des réformes justes».
Délaissant le théâtre français, Ségolène Royal a élargi ses critiques aux droites européennes dans leur ensemble, qui «retournent leur veste et reprennent sans vergogne le vocabulaire de la gauche, sans changer pour autant de politique».
Devant le parterre de leaders européens, Ségolène Royal s'est placée en porte-drapeau de l'Internationale socialiste : «À nous d'utiliser cette devise qui porte en elle toutes les valeurs dont le nouveau siècle à besoin, la devise de l'Internationale socialiste : «Le courage de faire la différence !»». Ségolène Royal a choisi sa campagne.
mercredi 13 mai 2009
Royal veut «réconcilier la gauche avec la radicalité»
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