Dans l’état où se trouve la France et après les épreuves qu’elle vient de subir, on attendait du chef de l’Etat une parole forte et des annonces concrètes. La cinquième conférence de presse de François Hollande ne fut pourtant que formules creuses et déclarations d’intentions. Mise à part l’initiative – heureuse – menée avec Angela Merkel pour peser sur le dossier ukrainien, que retenir en effet de cette intervention où les généralités le disputaient aux digressions ? Une promesse de service civique ? Il existe déjà et sera étendu. Une refondation de l’école ? Ce sera la énième, et les modalités proposées n’ont guère plus de chances de succès que les précédents plans. Une Agence nationale pour le développement économique des territoires ? Un machin de plus sans plan de marche ni objectif mesurable. Le tout noyé sous un flot lancinant où l’enflure des mots masquait mal l’absence de solution aux problèmes du pays : économie anémiée, chômage de masse, fragmentation des territoires, échec de l’école.
De bien grands mots pour de petits remèdes : c’est ainsi que, dans la bouche de François Hollande, les valeurs sont forcément « universelles », la réforme est inévitablement « citoyenne », le Français est heureusement « solidaire ». Bien sûr, l’Europe n’est ni de droite ni de gauche, non : « l’Europe, c’est l’Europe ». Quant à la République, elle « reconnaît tous ses enfants », et ça tombe bien puisque « notre richesse principale, elle est dans le peuple français »... C’est ce qui permet au chef de l’Etat de prétendre que « lorsqu’on a un pays qui a cette force-là, on doit le conduire pour aller plus loin ». Evidemment… Mais pour ce qui est de l’avenir du pays, et sans faire injure à « l’esprit du 11 janvier », ce serait bien de revenir dans le concret.