Il y aura du monde à l’Université d’été du Medef, ce mercredi, pour écouter le premier grand discours du Premier ministre fraîchement reconduit : des milliers de patrons qui, sensibles au geste que leur envoie Manuel Valls, devraient se laisser d’autant plus facilement séduire qu’ils savent que le chef du gouvernement est, à gauche, l’un des plus ouverts à la thématique de l’entreprise. Est-ce que, pour autant, cela suffira à réparer la fragile mécanique de la confiance, tous ces rouages qui ont été bloqués par l’accumulation des punitions fiscales et des zigzags gouvernementaux ? Est-ce qu’un déclic se produira dans l’esprit de tous ces entrepreneurs qui permettrait enfin de relancer l’investissement et de ranimer la création d’emplois ? Pas sûr… Car, non loin de ce campus où s’exprimera le Premier ministre, d’autres oreilles attentives décortiqueront les propos de Manuel Valls. Tout ce que la planète socialiste compte de hiérarques et de militants soupèsera les mots et les accents du discours de Manuel Valls, et s’interrogera gravement : en fait-il trop pour les entreprises ? A-t-il lâché de nouveaux « cadeaux » aux patrons ? A-t-il bien insisté sur les « contreparties » ? N’a-t-il pas oublié le « peuple de gauche » ?
C’est là le problème de ce nouveau gouvernement : peut-être est-il cohérent, mais ce qu’il reste de sa majorité ne l’est pas. Frondeurs, exclus, virés, démissionnaires, opposants de l’intérieur, ils seront nombreux, face à Manuel Valls et à sa ligne. Réformer l’Etat sera un combat, alléger les prélèvements une gageure, libérer le marché du travail un casse-tête, épargner aux entreprises de nouvelles contraintes un défi. Et encore faudrait-il en faire dix fois plus pour que le traitement proposé ait une chance de permettre à la France de se redresser.
Au fond, le problème de Manuel Valls, c’est la gauche, pas les patrons.