TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

lundi 7 juillet 2014

Zéro pointé pour l’élève Hamon

Démagogie. Le ministre brosse un tableau très noir de l’Éducation nationale pour tenter de justifier une réforme de l’évaluation des élèves. Une caricature désobligeante pour les enseignants, qui ignore aussi l’attachement des familles à la notation. Stress, échec, pression, sanction… L’école est-elle si pénible qu’il faille maintenant supprimer les mauvaises notes après avoir réformé les rythmes scolaires ? Car ces deux réformes sont bel et bien liées. Elles résument les projets et la philosophie du ministère de l’Éducation nationale, passé depuis des lustres sous la coupe d’une petite coterie “pédagogiste” : le rôle de l’école n’est plus de transmettre des savoirs, une culture, encore moins un héritage — cela, c’était l’école de papa, celle de la République, celle de Jules Ferry dont la gauche nous rabâche, depuis Christiane Taubira, qu’il fut un odieux colonisateur. Non, l’école, telle que la rêve la Rue de Grenelle, a pour mission d’assurer le « bien-être » des élèves français dont Vincent Peillon affirmait naguère qu’ils étaient « les plus malheureux au monde après les petits Japonais » ! Pour faire leur bonheur, il faudrait en bannir l’effort, le mérite, la compétition, bref renoncer à promouvoir une élite, car c’est de là que viendraient tous nos maux…
Benoît Hamon, qui n’a rien d’autre à faire (car il ne parvient même pas à recruter les 60 000 enseignants qu’a promis la gauche, faute de candidats de qualité), a donc décidé d’emboîter le pas à son prédécesseur : il veut réformer l’évaluation des élèves. Il s’en est expliqué plusieurs fois, notamment dans le Parisien, dans un entretien qui sonne parfois comme une confession : « Tout le monde a le souvenir d’un échec à l’école. En France, nous sommes définis par rapport à ces échecs », ne cesse-t-il de répéter. « Le petit Benoît a-t-il tant souffert de l’éducation qu’il a reçue des pères maristes au Sénégal ? , demande avec malice l’essayiste Jean-Paul Brighelli.J’ai un doute… » 
Ce faisant, Benoît Hamon reprend un argumentaire cher à la gauche : « Les insuffisances de l’évaluation chiffrée sont facteurs de stress et de compétition. Nous devrons favoriser une évaluation permettant de valoriser les progrès, les efforts et les compétences acquises », affirmait déjà le PS en 2010. « Ce système de notation, et l’obsession du classement auquel il répond, crée dès l’école élémentaire une très forte pression scolaire et stigmatise les élèves qu’il enferme progressivement dans une spirale de l’échec », ajoutait l’Association de la fondation étudiante pour la ville (Afev), dont François Hollande avait signé le pacte contre l’échec scolaire en février 2012. Soyons justes cependant : la droite, elle aussi, a failli céder à ces sirènes et il a fallu l’intervention de Bruno Le Maire pour que l’UMP supprime un projet similaire de son programme, en 2012. Et c’est aussi la droite qui a mis en place, à l’école primaire, un incompréhensible “livret personnel de compétences”…
Le ministre de l’Éducation de moins en moins nationale s’est pourtant bien gardé de dire ce qu’il entendait, concrètement, par « évaluation bienveillante ». Car cette réforme — l’autre pilier de la ronflante “refondation de l’école” — mérite bien un grand débat national, ce qui permettra à Benoît Hamon d’occuper les médias pendant plusieurs mois et de distraire les Français des vrais problèmes — par exemple des difficultés croissantes de nombreux élèves (dont certains, c’est vrai, sont d’origine étrangère) à maîtriser le français ou à connaître les grandes dates de l’histoire nationale depuis qu’on tente de leur enseigner celles du Monomotapa ou de l’empire Songhaï, sous prétexte, justement, que beaucoup sont d’origine étrangère (pour en savoir plus, consultez un manuel de cinquième).
En résumé, Benoît Hamon a choisi de nommer un comité d’organisation, qui formera des groupes de travail chargés de « produire une synthèse de la littérature scientifique » et nommera les membres d’un jury « représentatif de la communauté éducative et de la société civile » qui, lui, rendra ses recommandations à la mi-décembre, à l’issue d’une semaine sur l’évaluation des élèves : c’est le choc de simplification appliqué à l’Éducation nationale.
Ce qu’il sortira de ce machin ? On peut l’imaginer en se penchant sur les quelques expériences conduites en France — en rappelant d’abord qu’un premier essai fut tenté en 1969, Edgar Faure ayant décidé, dans la foulée de Mai 68, de remplacer les notes sur 20 par une évaluation par lettres, de A à E. Deux ans plus tard, l’Éducation nationale faisait machine arrière.

0 commentaires: