TOUT EST DIT

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mercredi 9 juillet 2014

Bercoff : «Léonarda à l'Élysée»

Magnifique Europe, magique Schengen, c'est la lutte finale, accueillons et demain, le regroupement familial fera le genre humain. On croyait en avoir fini avec le feuilleton Dibrani qui fit, il n'y a guère, les délices des écrans et des gazettes. L'on se rappelle la séquence poétique où le président de la République expliquait que Léonarda pouvait rentrer seule sans sa famille, pendant que, sur l'autre moitié de l'écran, l'héroïne kosovare affirmait qu'il n'en était pas question, gagnant ainsi, l'espace d'une nouvelle chute dans les sondages, ses galons de chef de l'opposition anti-Hollande. Eu égard à la crise de l'UMP, il paraît difficile que la jeune Dibrani en prenne la tête, encore que son efficacité médiatique n'est plus à démontrer.
Mais voici que commence le second round: le père de Léonarda, Resat Dibrani, contre-attaque en expliquant que les quatre-cinquièmes de sa famille sont Croates, que lui-même va obtenir cette nationalité en épousant la mère de ses enfants, et qu'ainsi toute sa tribu pourra rentrer triomphalement en France, puisque la Croatie fait partie de l'Union Européenne. Et le glorieux géniteur n'y va pas de main morte: «On va leur montrer, à Hollande et à Valls, qui est le chef. La France, on va la faire payer. Nous irons jusqu'à la Cour Européenne des Droits de l'Homme».

Les Dibrani sont exemplaires: ils ont compris les règles du jeu. Ils y vont franco de port, défiant un président de la République et un chef de gouvernement qui, du temps où il était ministre de l'Intérieur, s'était vivement opposé à leur retour. Dilemme cornélien. Ruses de la raison. Le fondement du pouvoir entre deux chaises: respecter les sacro-saintes règles européennes d'un côté, se faire respecter de l'autre. Est mis en lumière le piège qui semble se refermer sur les socialistes, qui doivent obéir à l'Europe et qui, dans le même temps, essayent de limiter au maximum les arrivées massives en douce France. Double peine pour l'Elysée-Matignon: de la main droite, on démantèle les camps de Roms, on expulse à Calais et ailleurs ; de la main gauche, on clame sa générosité et sa solidarité avec les damnés de la terre. Schizophrénie utile quand on est dans l'opposition, irritante, voire ruineuse quand on tient le gouvernail.
Rien n'est joué. Mais si les Dibrani réussissent à revenir légalement dans le Doubs, Hollande se devra de les accueillir à l'Elysée. Il convient en effet, devant pareil exploit, que l'ordre des choses permet aujourd'hui, de se montrer beau joueur.

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