TOUT EST DIT

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dimanche 20 avril 2014

Le goût du sang

Le goût du sang
La roue tourne et chaque mois, il faut au monde médiatique sa nouvelle victime expiatoire ou gibier de potence à attraper, cerner, jeter par terre et tabasser. Je ne parle pas des faits qui sont reprochés ni de la culpabilité ou non culpabilité, questions qui relèvent de la seule justice. A ma connaissance, sauf dans les régimes totalitaires (marxiste, fasciste ou national-socialiste) tout homme est présumé innocent jusqu’à ce qu’il ne soit jugé et condamné. Foin de la présomption d’innocence quand on inflige le supplice du lynchage médiatique et de l’honneur bafoué à des présumés innocents. En ce moment, c’est Aquilino Morelle qui passe à la casserole, dans un climat de joie expiatoire qui enflamme tous les courants idéologiques ou partisans, d’un extrême à l’autre, sans exception; le mois dernier, Patrick Buisson, avec la même fureur hystérique, mais on oublie si vite; auparavant maître Herzog, l’avocat de Sarkozy; et encore auparavant il y avait eu Depardieu, Finkielkraut, Claude Guéant, Cahuzac, etc. Le même processus se répète inlassablement. On jette une personnalité en pature à la meute et chacun rajoute sa petite anecdote perfide ramassée dans le caniveau pour accabler un peu plus l’animal traqué. Le grand hallali dure trois jours, dans un unanimisme qui fait froid dans le dos, et puis on passe à autre chose. Le monstre médiatique a besoin de chair fraîche à dépecer. Et les leçons, l’expérience, comme le martyre infligé à Dominique Baudis, ne servent à rien, bien au contraire. Le jour où surviendra un suicide, ce sera le grand extase, l’apothéose: ils auront gagné! Mais les médias et la presse ne sont pas les vrais responsables. Au fond, exsangues, prêts à tout pour survivre, ils vendent ce qui intéresse le public. Il faut croire que parler du cirage des chaussures du conseiller politique passionne davantage les foules que les massacres en Syrie, la guerre civile ukrainienne, le génocide dans le sud Soudan. L’âme humaine est sombre. Jadis, les Français adoraient se presser au spectacle des exécutions capitales sur la place publique. Le président Lebrun, en 1934 a mis fin à ce sinistre spectacle auquel les enfants étaient conviés. Mais le même instinct de mort se retrouve sous d’autres formes, et personne n’abolira jamais le goût du sang.

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