TOUT EST DIT

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samedi 5 avril 2014

François Hollande le président malin, trop malin...

Dosages subtils, compromis en clair-obscur, manoeuvres obliques : le chef de l'État continue à appliquer la même méthode que naguère au PS. 
François Hollande, personnage plutôt sympathique et convivial, a raté sa vocation : il aurait fait un excellent barman. La composition du nouveau (?) gouvernement en témoigne. Une pinte de Valls socialo-libéral ; deux cuillerées de Montebourg-Hamon pour la potion de gauche amère ; une louche de Ségolène pour le pétillant fuchsia ; un doigt de Sapin pour le sérieux ; deux gouttes de Fabius-Le Drian pour la stabilité du breuvage ; une larme de Taubira pour l'inattendu. On secoue le shaker et on sert bien glacé. Le cocktail est subtil. Sera-t-il apprécié par les Français et par nos voisins européens ? On peut légitimement en douter.
La motion de synthèse sortie des chaudrons de l'Élysée après quarante-huit heures d'intenses cogitations rappelle furieusement celles des congrès socialistes d'antan. Avec un souci : ne laisser personne à l'extérieur. Nostalgie, nostalgie ! À défaut de rassembler les Français, on rassemble les socialistes.
Reste à faire cohabiter tout ce petit monde. Les augures gouvernementaux nous affirment qu'il y aura désormais une méthodologie infaillible, une cohésion sans faille et une discipline d'airain. Fini, les couacs, les déclarations contradictoires, les volte-face qui avaient fait le charme de l'ère Ayrault. Un bloc. Sous la schlague de l'adjudant Valls, le gouvernement va donc marcher au pas cadencé tel un détachement de l'armée prussienne sous Frédéric II.

Le supplice de Bruxelles

Mais vers quelle destination ? La première étape, Bruxelles, risque d'être périlleuse."S'il vous plaît, encore une minute, monsieur le bourreau !" quémandera-t-on côté français. Mais comment expliquer à ces idéologues bornés de la Commission, à ces croisés de l'austérité que la France, incapable de remplir ses engagements, réclame un nouveau délai pour marcher dans les clous des 3 % de déficit ? Comment faire comprendre à ces ayatollahs de la bonne gouvernance qu'après avoir bénéficié d'une rallonge de deux ans pour se mettre en règle notre beau pays souhaite encore dépenser à tout-va et s'affranchir des règles qu'il a délibérément acceptées ?
L'exercice est compliqué. Nos partenaires allemands nous attendent aussi au tournant. "La France sait ce qu'elle a à faire", a déclaré, énigmatique, Wolfgang Schäuble, le ministre fédéral des Finances. Pour assouplir nos voisins allemands, on pourrait, bien sûr, leur expédier Arnaud Montebourg qui a eu la délicatesse de comparer Angela Merkel à Bismarck. Une goujaterie doublée d'une sottise historique. Quoi de commun entre le chancelier de fer et Angela ? Le premier se targuait d'une vision impériale, la seconde se définit elle même comme une honnête ménagère souabe qui veille à la prospérité de sa famille. Plutôt que Montebourg, on dépêchera donc sans doute le placide Michel Sapin, mais sa tâche sera indubitablement ardue.
Lors de sa première intervention à la télévision, Manuel Valls a réitéré son intention de faire des économies. Il faut d'urgence trouver 50 milliards. Mais pas sur l'Éducation nationale , pas sur les dépenses sociales, pas sur la santé, pas sur la sécurité. Mais où, alors ? On peut évidemment servir des McDo au lieu du foie gras à la table de Matignon ou virer un jardinier. Doutons que cela suffise...

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