La motion de synthèse sortie des chaudrons de l'Élysée après quarante-huit heures d'intenses cogitations rappelle furieusement celles des congrès socialistes d'antan. Avec un souci : ne laisser personne à l'extérieur. Nostalgie, nostalgie ! À défaut de rassembler les Français, on rassemble les socialistes.
Reste à faire cohabiter tout ce petit monde. Les augures gouvernementaux nous affirment qu'il y aura désormais une méthodologie infaillible, une cohésion sans faille et une discipline d'airain. Fini, les couacs, les déclarations contradictoires, les volte-face qui avaient fait le charme de l'ère Ayrault. Un bloc. Sous la schlague de l'adjudant Valls, le gouvernement va donc marcher au pas cadencé tel un détachement de l'armée prussienne sous Frédéric II.
Le supplice de Bruxelles
Mais vers quelle destination ? La première étape, Bruxelles, risque d'être périlleuse."S'il vous plaît, encore une minute, monsieur le bourreau !" quémandera-t-on côté français. Mais comment expliquer à ces idéologues bornés de la Commission, à ces croisés de l'austérité que la France, incapable de remplir ses engagements, réclame un nouveau délai pour marcher dans les clous des 3 % de déficit ? Comment faire comprendre à ces ayatollahs de la bonne gouvernance qu'après avoir bénéficié d'une rallonge de deux ans pour se mettre en règle notre beau pays souhaite encore dépenser à tout-va et s'affranchir des règles qu'il a délibérément acceptées ?
L'exercice est compliqué. Nos partenaires allemands nous attendent aussi au tournant. "La France sait ce qu'elle a à faire", a déclaré, énigmatique, Wolfgang Schäuble, le ministre fédéral des Finances. Pour assouplir nos voisins allemands, on pourrait, bien sûr, leur expédier Arnaud Montebourg qui a eu la délicatesse de comparer Angela Merkel à Bismarck. Une goujaterie doublée d'une sottise historique. Quoi de commun entre le chancelier de fer et Angela ? Le premier se targuait d'une vision impériale, la seconde se définit elle même comme une honnête ménagère souabe qui veille à la prospérité de sa famille. Plutôt que Montebourg, on dépêchera donc sans doute le placide Michel Sapin, mais sa tâche sera indubitablement ardue.
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